"Le projet de texte est inacceptable" : à la COP29, d'ultimes négociations difficiles autour du montant de l'aide financière pour le climat
Un laborieux sprint final. A la COP29, les pays riches et en développement sont entrés, jeudi 21 novembre, dans la dernière phase des négociations autour du montant de l'aide financière pour le climat. Et les tractations s'annoncent encore longues et difficiles, à la veille de la clôture du sommet organisé à Bakou, en Azerbaïdjan. "Le projet de texte qui a été diffusé cette nuit par la présidence de la COP29 sur l'objectif de finance climat est inacceptable", a tonné la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, sur X.
Au petit matin, la présidence azerbaïdjanaise du sommet a en effet présenté un texte qui n'a satisfait personne. Ce document provisoire de dix pages propose une augmentation de l'aide financière pour l'action climatique de "X" milliers de milliards d'euros par an sur la période 2025-2035. Le montant, principal point de discorde, n'est donc pas détaillé, même si cette tournure implique qu'il dépasse nettement les cent milliards annuels de la période 2020-2025. En outre, le texte met toujours en balance deux options diamétralement opposées sur la structure de ce nouvel objectif d'aide financière que la conférence est censée fixer.
La première option reflète les exigences des pays en développement, qui réclament que cette somme soit fournie par l'argent public des pays riches. Sans aucun élargissement de la liste des contributeurs à des pays comme la Chine, Singapour ou le Qatar. La deuxième option, elle, résume le point de vue des pays riches. Sans préciser la part qu'ils prendraient dans cette aide.
Un chiffre "conditionné à de vrais engagements" ?
Ce texte "est clairement inacceptable en l'état actuel des choses", a lâché le commissaire européen Wopke Hoekstra. Avec ses collègues européens, il exige un élargissement de la base des contributeurs, afin d'inclure notamment la Chine et des pays du Golfe, ainsi que davantage d'engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, face aux pays producteurs de pétrole qui freinent, comme l'Arabie saoudite. "Tout progrès sur la finance a vocation à être conditionné à de vrais engagements sur la baisse des émissions et la sortie progressive des énergies fossiles", a rappelé la ministre française de la Transition écologique.
La Chine a, elle aussi, rejeté le projet, pour des raisons opposées. "Le texte actuel contient beaucoup d'éléments qui ne sont pas satisfaisants ni acceptables par la Chine", a déclaré le représentant chinois, lors d'une séance en salle plénière, répétant son refus de tout texte qui obligerait la Chine à contribuer à l'aide financière internationale pour les pays en développement.
Une troisième option plus consensuelle en pourparlers
Une nouvelle voie pourrait se dessiner afin de parvenir à un accord. "La présidence doit proposer une troisième option pour les concilier", a demandé Joe Thwaites, de l'ONG Natural Resources Defense Council. Cette troisième option, dont la nature reste secrète, a été mise sur la table par l'Australien Chris Bowen et l'Egyptienne Yasmine Fouad, les deux ministres chargés de rapprocher les positions du Nord et du Sud.
On devrait y voir plus clair jeudi soir, avec la publication d'une nouvelle version du texte. Elle "sera plus courte et contiendra des chiffres fondés sur notre vision de possibles points d'atterrissage pour un consensus", a assuré la présidence azerbaïdjanaise. Comme souvent aux COP, personne ne dévoile ses véritables lignes rouges jusqu'au dernier jour, théoriquement vendredi, même si les négociateurs se préparent à une journée supplémentaire de négociations.
Les cartes commencent d'ailleurs à s'abattre, jeudi, avec une demande plus précise de l'énorme groupe G77+Chine qui, malgré son nom, regroupe aujourd'hui 134 pays du Sud. Cette alliance a réclamé à l'Union européenne, au Japon ou aux Etats-Unis "au moins" 500 milliards de dollars de financements par an pour le climat d'ici à 2030. "Nous ne devons pas quitter Bakou sans un chiffre clair", a dit l'Ougandais Adonia Ayebare.
Mais le travail à accomplir pour parvenir à un accord semble encore titanesque. "Soyons francs : il y a encore de nombreuses divergences significatives. Nous avons besoin d'un effort majeur pour placer les débats sur la ligne d'arrivée" a alerté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avant d'ajouter : "L'échec n'est pas une option."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.