Cet article date de plus de six ans.

Des algues sur des bio-façades pour améliorer le bilan carbone du secteur du bâtiment

Si les négociations autour du réchauffement climatique lors de la COP24 en Pologne se sont achevées sur un bilan mitigé, dans l'Hexagone, un cabinet d’architecture parisien expérimente la culture d'algues pour améliorer le bilan carbone du secteur du bâtiment.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans son laboratoire de l’université de Paris Diderot, Annick Méjean étudie les cyanobactéries, notamment les micro-algues, du plancton. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Alors la 24e conférence sur le climat (COP24) s'est achevée sur un bilan mitigé, franceinfo s’intéresse à ceux qui tentent de trouver des solutions concrètes dans leurs domaines pour apporter leur part à l’effort. Le bâtiment, par exemple, est un des secteurs qui pèsent lourd : selon l’Ademe, il représente 23% des émissions de gaz carbonique en France. Un cabinet d’architecture parisien, X-TU, pense avoir trouvé la solution pour améliorer le bilan carbone du secteur grâce à des cultures d’algues.

Les premiers organismes vivants apparus sur Terre

Dans son laboratoire de l’université de Paris Diderot, Annick Méjean étudie les cyanobactéries, notamment les micro-algues. Du plancton, en fait, les premiers organismes vivants apparus sur Terre et qui ont créé l’air qu’on respire. "On dit qu’elles sont apparues sur Terre il y a trois milliards d’années", commente Annick Méjean.

Elles sont dans l’environnement, mais plus dans l’environnement urbain. Les réintroduire serait très riche, notamment pour leur capacité à piéger le CO2 et faire de l’oxygène.

Annick Méjean

à franceinfo

Appuyé sur les recherches d’Annick Méjean, un cabinet d’architecture parisien a mis au point des bio-façades, des sortes d’aquariums verticaux remplis de plancton qui peuvent doubler, voire remplacer une façade classique. "Si on cultivait des algues dans une serre en extérieur, il faudrait chauffer, refroidir, explique Annick Legendre, architecte et passionnée d’agronomie, l'une des conceptrices du projet.

Production de micro-algues et photosynthèse. (Xtu)

"En associant les deux, poursuit-elle, cela fait un système qui est plus isolant pour le bâtiment, donc on économisera plus de 50% de l’énergie thermique qui serait nécessaire au bâtiment. Et on économisera par ailleurs 80% de l’énergie thermique qui serait nécessaire pour maintenir les algues à la température qu’elles aiment."

"C’est la lumière du soleil qui va les faire se multiplier"

Au centre scientifique et technique du bâtiment, à Champs-sur-Marne, à l’Est de Paris, les architectes ont testé le système sur quatre étages. Annick Legendre nous emmène au cœur du photo-bioréacteur qui produit le plancton. "Vous voyez cette façade ? Il y a à la fois des verres clairs, marqués en blanc, et des verres pour cultiver les micro-algues, qui ont une sérigraphie noire. C’est la lumière du soleil qui va les faire se multiplier, faire des petits. On va faire une pâte que l’on vendra, ou que l’on va re-diluer, selon l’usage qu’on va en faire."

Captage du CO2, économies d’énergie, et bénéfices économiques, espère le cabinet : ces façades coûtent plus cher mais ces micro-algues sont demandées par l’industrie. Ariane, chef de projet recherche et développement. "Il y a un marché pour cela. Cela se consomme, cela peut être utilisé dans beaucoup de secteurs industriels, comme dans la cosmétique ou les compléments alimentaires. Dans l’alimentation animale, ça a plutôt la cote." Les premiers projets de bio-façades vont sortir de terre : un immeuble dans le 13e arrondissement de Paris, en janvier, mais aussi le futur musée de la baie de San Francisco, en Californie.

Des algues sur des bio-façades pour améliorer le bilan carbone du secteur du bâtiment

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