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Climat : avec le projet Ice Memory, des scientifiques tentent de sauvegarder "la mémoire de la planète"

Une équipe internationale vient d’extraire des carottes glacières d'un archipel situé dans l’arctique. Ce projet vise à sauvegarder, pour les générations futures, les informations sur le climat contenues dans des glaciers, qui vont disparaître avec le réchauffement.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les archives de huit glaciers ont déjà été prélevées, sous forme de carottes, en Europe, en Bolivie, en Russie. (Riccardo)

L’idée d'Ice memory, c’est de mettre la main sur l’héritage d’une vingtaine de glaciers dans le monde, menacés de disparition à cause du réchauffement climatique. La première expédition a été lancée il y a sept ans. "On est dans un processus de création d'un patrimoine assez unique, explique Jérôme Chappellaz, président de la fondation "Ice Memory" C'est la mémoire de la planète que l'on essaye de sauvegarder dans sa phase glacée pour les générations futures de scientifiques".

"Une grosse déconvenue" 

Les chercheurs sont déjà confrontés aux effets du réchauffement. La dernière expédition sur l’archipel du Svalbard dans l'océan Arctique a du changer de site pour collecter la glace. "On a eu une grosse déconvenue puisque en ayant atteint 25 mètres de profondeur dans le glacier, on a rencontré beaucoup d'eau, reprend le chercheur. Le glacier devenait impropre au carottage et à l'exploitation pour la science des carottes de glace. C'est clairement lié au climat. L'archipel du Svalbard est un des lieux au monde qui se réchauffe le plus vite aujourd'hui. On estime que l'archipel se réchauffe en moyenne quatre à cinq fois plus vite que le reste de la planète". 

Les chercheurs vont finalement rentrer avec des carottes de glace de 75 mètres de long. Elles renferment l’air, les virus, la chimie emmagasinés sur les 300 dernières années, depuis que les activités de l’homme influent sur le climat. L’une d’entre elle sera stockée dans un entrepos frigorifique en Europe avant d’être transféré dans un sanctuaire qui doit être creusé à une dizaine de mètres de profondeur en Antarctique sur la base Franco Italienne de Concordia pour des raisons de préservation, explique Jérôme Chappellaz. 

"Si on stockait nos carottes, par exemple en France, dans des entrepôts frigorifiques privés, nous serions absolument incapables de garantir que ces installations industrielles fonctionnent pendant des décennies, voire des siècles."

Jérôme Chappelaz, président de la fondation Ice Memory

à franceinfo

"Quand on va en Antarctique, on a naturellement une température moyenne sur l'année voisine de -55 degrés Celsius, note Jérôme Chappelaz. Même avec l'effet  du réchauffement climatique, on sait qu'on aura des conditions froides pendant probablement des millénaires s'il le fallait".

Une équipe du projet Ice Memory. (Riccardo)

Au total, les archives de huit glaciers ont déjà été prélevées en Europe, en Bolivie, en Russie. Les scientifiques attendent maintenant le feu vert diplomatique des 55 nations qui ont signé le traité de l’Antarctique pour commencer le stockage.

Climat : avec le projet Ice Memory, des scientifiques tentent de sauvegarder "la mémoire de la planète" - le reportage d'Etienne Monin

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