: Infographies Vagues de chaleur, températures record, canicules marines, fonte des glaces… quand les indicateurs climatiques s'emballent
Jusqu'où les indicateurs climatiques vont-ils continuer à grimper ? Vagues de chaleur dans l'hémisphère nord, record mondial de température, surchauffe des océans, fonte record de la glace en Antarctique… Depuis plusieurs semaines, les instruments de mesure météorologiques s'affolent. A tel point que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a sonné l'alarme au début du mois de juillet. "La situation actuelle est la preuve que le changement climatique est hors de contrôle", a alerté le dirigeant de l'Organisation des nations unies.
Pourtant, la situation n'a rien d'étonnant, selon les climatologues. "Tout ce qu'il se passe en ce moment était attendu compte tenu de nos émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes plutôt sur une trajectoire que sur une rupture", précise Christophe Cassou, l'un des auteurs principaux du sixième rapport du GIEC, auprès de franceinfo. La planète est en réalité témoin de l'influence humaine sur le réchauffement climatique, qui devient de plus en plus perceptible. Franceinfo fait le point en quatre infographies.
L’hémisphère nord brûle sous les vagues de chaleur
Tout au long de la semaine, des vagues de chaleur ont fait suffoquer plusieurs régions de l'hémisphère nord : en Amérique du Nord, dans l'est de l'Asie ainsi qu'autour de la Méditerranée. Toutes ces canicules ont pour point commun de constituer des phénomènes extrêmes rendus plus fréquents et plus intenses par le changement climatique. Le thermomètre est monté très haut en Europe, où il a été récemment démontré que le climat se réchauffe deux fois plus vite que pour l'ensemble de la planète, selon un rapport conjoint de l'Organisation météorologique mondiale et de l'observatoire européen Copernicus.
Des records absolus ont été battus dans le sud-est de la France, essentiellement en altitude dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse. En Espagne, les températures ont atteint 45,3°C mardi à Figueras (Catalogne), tandis qu'un incendie massif a ravagé près de 2 900 hectares sur l'île de la Palma, dans l'archipel des Canaries. La Grèce a, elle aussi, été en proie aux flammes tout au long de la semaine, avec de nombreux départs d'incendies autour d'Athènes et sur l'île de Rhodes. En Italie, le thermomètre est monté jusqu'à 44°C, mardi, à Raguse (Sicile). L'île détient le record de chaleur pour l'Europe, avec 48,8°C mesurés le 11 août 2021.
Des records mondiaux de températures
Les vagues de chaleur surviennent alors que la température moyenne de la planète atteint des niveaux record. Début juillet, l'Organisation météorologique mondiale, rattachée à l'ONU, a indiqué avoir enregistré la semaine la plus chaude jamais mesurée sur Terre. Auparavant, les températures du mois de juin avaient déjà été record elles aussi. Et le mois de juillet serait d'ores et déjà en passe de devenir le plus chaud jamais mesuré, d'après l’observatoire européen du changement climatique Copernicus (C3S). Les données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), sur le graphique ci-dessous, montrent que la température moyenne en 2023 se détache très clairement par rapport aux années précédentes.
Si l'année 2023 sort du lot, c'est parce que le réchauffement dû à l'influence humaine est amplifié par le retour d'El Niño, une anomalie chaude des eaux du Pacifique qui survient en moyenne tous les deux à sept ans. Il se traduit le plus souvent par une élévation des températures mondiales. "On a tendance aussi à constater un effet de type 'marche d'escalier' lorsque survient El Niño. Le réchauffement climatique augmente alors brutalement sans retour au niveau précédent. C'est ce qu'il s'est passé pour les deux derniers gros El Niño. Cela peut aussi expliquer l'effet d'emballement que nous ressentons actuellement", précise Christophe Cassou.
Les océans en proie à des chaleurs extrêmes
Moins visible que la température de l’atmosphère, mais pas moins préoccupant, l’océan est aussi en état de suffocation depuis la mi-mars. La partie nord de l’océan Atlantique, aux large des côtes irlandaises, est la zone la plus touchée avec une température à la surface de l'eau mesurée à 24,5°C, lundi 17 juillet, soit 1,41°C de plus que la moyenne historique à cette période, selon les données de la NOAA.
Le réchauffement des océans représente un indicateur essentiel pour mesurer le changement climatique, étant donné leur vaste étendue et leur capacité à absorber et transporter la chaleur. Cette hausse inédite des températures inquiète les chercheurs qui la comparent à un "incendie sous-marin" en raison de ses effets dévastateurs sur la faune et la flore marine, qui atteignent par endroits leurs limites physiologiques. "Nous atteignons les seuils d'adaptabilité, c'est-à-dire les niveaux de température et de sécheresse au-delà desquels les systèmes vivants ne sont plus capables de s'adapter et disparaissent", explique Christophe Cassou.
La fonte historique de la banquise antarctique
Les pôles ne sont pas épargnés. En Antarctique, la banquise a connu une fonte historique en février. La glace a alors atteint son étendue la plus faible depuis 45 ans, d’après l’observatoire européen Copernicus. Depuis, la banquise peine à se reconstituer malgré l'arrivée de l'hiver dans l'hémisphère sud. Fin juin, les équipes de Copernicus ont calculé qu’il manquait quelque 2,5 millions de km² de banquise, soit l'équivalent de cinq fois la France métropolitaine.
L’organisation météorologique mondiale a alerté sur "le rythme sans précédent" de la fonte de la banquise antarctique ainsi que sur les conséquences de ce phénomène "pas seulement pour les pôles de la Terre (…) mais aussi pour la météo globale et le climat". La calotte glaciaire, épais glacier d'eau douce qui recouvre l'Antarctique, contient suffisamment d'eau pour provoquer une montée catastrophique du niveau des océans si elle venait à fondre. Par ailleurs, la banquise blanche réfléchit davantage les rayons du soleil que l'océan, et sa perte accentue le réchauffement climatique. "On est dans quelque chose de jamais vu" a déclaré le 10 juillet l'océanographe et climatologue Jean-Baptiste Sallée, auprès de l'AFP. "Avec une banquise qui ne croît pas au rythme naturel. La question, c'est : est-on entré dans un nouveau régime ? Mais il est encore trop tôt pour y répondre".
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