Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005, alerte l'observatoire européen Copernicus

Des eaux plus chaudes entraînent des ouragans et des tempêtes plus violentes, avec leur cortège de destructions et d'inondations.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une personne filme l'océan alors que l'ouragan Hélène s'approche des côtes de Floride (Etats-Unis), dans la ville de St. Petersburg, le 26 septembre 2024. (JOE RAEDLE / AFP)

Les océans, qui recouvrent 70% de la surface du globe, jouent le rôle de régulateur du climat terrestre. Dans ce contexte, la confirmation d'une accélération inédite du rythme de leur réchauffement n'est pas à prendre à la légère. "Il n'a cessé d'augmenter depuis les années 1960. Et depuis 2005 environ, le rythme du réchauffement des océans a doublé", a déclaré l'océanographe Karina Von Schuckmann, qui a présenté lundi 30 septembre le 8e rapport sur l'état des océans de Copernicus. Or, "le réchauffement de l'océan peut être considéré comme notre sentinelle du réchauffement climatique"

Dans le détail, les océans se réchauffent de 1,05 watt par m2 depuis 2005, contre 0,58 watt par m2 dans les décennies précédentes, d'après le rapport. Ce réchauffement s'explique par le fait que les océans ont absorbé depuis 1970 "plus de 90% de l'excès de chaleur du système climatique", provoqué par les émissions massives de gaz à effet de serre par l'humanité, ont démontré les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).

Davantage de canicules marines

Par ailleurs, plus d'un cinquième de la surface océanique mondiale a connu une vague de chaleur sévère en 2023, rapporte ce rapport. Or, des eaux plus chaudes entraînent des ouragans et des tempêtes plus violentes, avec leur cortège de destructions et d'inondations. Le mois de septembre a d'ailleurs été marqué par des précipitations intenses, tels que le super typhon Yagi qui a balayé l'Asie, des inondations meurtrières au Sahel, au Népal et en Europe, ou encore l'ouragan Hélène dans le sud-est des Etats-Unis... S'il est encore trop tôt pour relier avec certitude tous ces évènements meurtriers au changement climatique, le réseau de scientifiques World Weather Attribution (WWA) a d'ores et déjà montré que les pluies qui ont frappé l'Europe centrale et orientale sont "de loin les plus fortes jamais enregistrées" dans la région.

Le réchauffement des océans s'accompagne également d'une multiplication des canicules marines. Plus étendues, les vagues de chaleur marines ont aussi tendance à devenir plus longues, avec une durée maximale annuelle moyenne qui a doublé depuis 2008, passant de 20 à 40 jours. Les épisodes de canicule marine peuvent entraîner des migrations et des épisodes de mortalité massive d'espèces, dégrader les écosystèmes, mais aussi réduire la capacité des couches océaniques à se mélanger entre le fond et la surface, entravant ainsi la distribution des nutriments. Elles peuvent également "avoir des implications sur la productivité des poissons", impactant la pêche, a encore souligné l'océanographe.

Enfin, le rapport de Copernicus note aussi que l'acidité des océans, qui absorbent un quart du CO2 émis par les activités humaines, a augmenté de 30% depuis 1985. Au-dessus d'un certain seuil, l'acidité de l'eau de mer devient corrosive pour les squelettes et coquilles des coraux, moules, huîtres, etc. Ce seuil, considéré comme une "limite planétaire", devrait être franchi "dans un avenir proche", selon un rapport publié à la mi-septembre par le Postdam Institute for climate impact research (PIK).


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