Étude sur la pollution dans le métro : "Ça va dans le bon sens", mais c'est "incomplet", réagit l'association Respire
"Ça va dans le bon sens, il y a quand même une prise de conscience aussi au niveau des collectivités et des élus et d'IDFM [Ile-de-France Mobilités]", salue lundi 22 janvier sur franceinfo Tony Renucci, directeur de l’association Respire, après la publication d'une étude sur la pollution de l'air dans le métro réalisée à l'initiative de l'autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), avec l'appui d'Airparif.
Cette enquête révèle que seules trois stations sont dans le rouge, Belleville, Jaurès et Oberkampf, situées dans l'est parisien. Ce qui laisse perplexe Tony Renucci : "Sur les résultats, je suis un peu mitigé", d'autant que "les mesures ont été prises sur des PM10 qui ne sont pas des particules fines", ajoute le directeur de Respire qui pense cette étude "est incomplète".
franceinfo : selon cette étude, il y a des niveaux de pollution élevés dans au moins trois stations classées rouge, Jaurès, Belleville et Oberkampf. Quel est votre sentiment sur ce classement ?
Tony Renucci : Je salue quand même le fait qu'il y ait enfin une opération de transparence qui arrive sur ce sujet et je pense que la plainte de Respire y est aussi pour beaucoup. Ça va dans le bon sens, il y a quand même une prise de conscience aussi au niveau des collectivités et des élus et d'IDFM. C'est aussi lié à la présence de certains élus qui ont poussé dans ce sens.
C'est la première étude qui est validée par l'autorité compétente…
C'est la première étude qui est réalisée de cette façon-là en dehors de celles faites par Respire ou l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire. C'est une bonne chance qu'on aille vers plus de transparence. Sur les résultats, je suis un peu mitigé parce qu'on donne l'impression qu'il n'y aurait que trois stations qui seraient polluées. Je m'interroge sur le protocole qui a été réalisé. On peut s'interroger sur les seuils retenus qui s'appuient sur les recommandations de l'Anses [PM10 dépassant les 480 µg/m3] alors qu'elle-même précise qu'on ne peut pas utiliser ces seuils-là pour voir l'effet de cette pollution sur la santé, et que ces seuils ne servent pas à ça. Les mesures ont été prises sur des PM10 qui ne sont pas des particules fines. C'est ce qu'on appelle des particules grossières qui sont retenues au niveau des voies respiratoires, qui ne pénètrent pas aussi profondément que les particules très fines. Pour rappel, dans notre étude de 2019, on disait bien que 99% des particules sont des particules très fines PM1.
Vous dites qu'on sous-estime la pollution dans le métro avec cette étude ?
Je ne peux pas juger que cette étude sous-estime cette pollution parce qu'il faudrait une caution scientifique pour ça, mais ce que je pense, c'est qu'elle est incomplète.
Est-ce que selon vous le métro parisien est dangereux pour la santé ?
Le métro parisien est dangereux parce qu'on a des niveaux de pollution qui sont élevés. En ce qui concerne les conséquences sanitaires sur l'exposition de courte durée, aujourd'hui la littérature scientifique n'est pas suffisante pour dire exactement quelles sont les conséquences sur la santé. On connaît les conséquences sanitaires de l'exposition aux particules, mais aujourd'hui, on n'est pas en mesure de dire quelles sont les conséquences sur l'exposition de courte durée. C'est bien facile pour la RATP de dire qu'il n'y a pas de conséquences puisqu'elle ne fait pas les études scientifiques. C'est ce qu'il faut et je pense que ça pourrait être le rôle du gouvernement ou des parlementaires de les demander.
La RATP promet de renouveler les ventilateurs dans les stations les plus polluées et de changer le système de freinage des métros, car c'est au moment du freinage que les particules sont émises en très grande quantité. Ça vous convient comme mesure ?
Oui, c'est bien, maintenant il faut concrétiser, accélérer, depuis le temps qu'on en parle.
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