La pollution de l'air "n’est pas suffisamment prise en compte aujourd'hui", regrette l'association Respire
Tony Renucci, directeur de l'association Respire, rappelle sur franceinfo que la France a été doublement condamnée en 2019 et en 2021 pour son action insuffisante contre la pollution de l'air.
Tony Renucci, directeur de l'association Respire estime lundi 28 mars sur franceinfo que la pollution de l'air "n’est pas suffisamment prise en compte aujourd'hui" en France alors qu'elle fait 48 000 morts par an. L’épisode de pollution atmosphérique se poursuit dans le pays. Des mesures de circulation différenciée ont été mises en place en Île-de-France et une partie des Hauts-de-France. "C’est un épisode de pollution assez classique au printemps", dit-il. Il conseille d’éviter la pratique du sport, car "on prend énormément de pollution" dans les poumons et les organes.
franceinfo : ces épisodes de pollution n’ont rien d’exceptionnel ?
Tony Renucci : C'est même un épisode de pollution assez classique au printemps, puisqu’on a des météorologiques qui sont défavorables. Il y a l'absence de vent, donc de dispersion des polluants. On a une accumulation de pollution due à notre activité. Et puis surtout, il y a les épandages agricoles, notamment en Bretagne, qu'on a en ce moment. Et ça, ça crée des pics, notamment d'ammoniac, qui sont précurseurs de concentrations plus élevées de particules fines. Donc, c'est très classique.
La circulation différenciée est-elle un bon système ?
Oui, c'est un bon système parce que cela veut dire que l'on met en place des restrictions de circulation sur les véhicules les plus polluants et surtout les plus émetteurs de pollution. Donc, cela permet de réduire une des deux sources les plus importantes de pollution et d'être défavorable envers les concentrations de polluants dans l'air.
Cela a un effet sur la pollution ?
ll y aura une baisse des émissions de polluants, mais c'est toujours un ensemble de choses. Là, c'est vraiment les conditions météorologiques aussi qui font qu'il y a un pic de pollution. Dès que les conditions s'amélioreront, dès qu'il y aura du vent et notamment une baisse des températures et des pluies tout de suite, il y aura un effet beaucoup plus important sur les concentrations.
La pollution de l'air fait 48 000 morts par an. Est-ce que vous trouvez qu'on prend ce problème assez au sérieux dans notre pays ?
Force est de constater que non. Après, il y a des mesures, comme souvent, dès qu'il y a un pic de pollution. Il y a des mesures, soit de recommandations, soit de restrictions qui se mettent en place. A l'association Respire, on essaie justement de mobiliser les candidats à la présidentielle. On leur a présenté un pacte de vingt engagements pour qu'on ait un air sain en France. Et force est de constater que la France a quand même été doublement condamnée en 2019 et en 2021 pour son action insuffisante contre la pollution de l'air. Et le sujet n'est pas suffisamment pris en compte aujourd'hui.
L’épisode de pollution va durer jusqu’au milieu de la semaine. Que faut-il éviter de faire ?
Il y a quelques recommandations sanitaires, notamment quand on a des pics de pollution de particules fines. C'est déjà d'éviter vraiment l'activité sportive en plein air. Quand on respire, on aspire plus de polluants, on respire dix fois plus. Aujourd'hui, on est à des niveaux qui sont autour de 50 microgrammes par mètre cube. C'est comme si on passait à 500. Au lieu d'être à Paris, on se retrouve à Bombay. On prend énormément de pollution pour nos poumons, pour nos organes. Il est recommandé aussi d’aérer quinze minutes le matin et 15 minutes le soir pour favoriser vraiment le renouvellement de l'air en intérieur.
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