Le réchauffement climatique et la pollution de l'air forment un "cercle vicieux", selon l'Organisation météorologique mondiale

Dans un rapport, l'OMM appelle à agir conjointement afin d'endiguer ces phénomènes profondément intriqués.
Article rédigé par franceinfo
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Des pompiers interviennent sur un incendie en cours à Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales, le 14 août 2023. (IDHIR BAHA / HANS LUCAS / AFP)

"La pollution de l'air ambiant provoque plus de 4,5 millions de décès prématurés chaque année." Dans un rapport publié jeudi 5 septembre, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) établit clairement un lien entre le réchauffement climatique, la multiplication des feux de forêt et la pollution de l'air, et alerte sur ce "cercle vicieux" aux conséquences désastreuses sur la santé humaine. Car l'augmentation des températures mondiale favorise la survenue des incendies. Or, en dévorant les paysages, les flammes libèrent des particules qui dégradent la qualité de l'air et qui accentue le dérèglement climatique.

L'OMM rappelle ainsi que, si la multiplication des feux de forêt a plusieurs causes, le réchauffement climatique "a un rôle indirect en augmentant la fréquence et l'intensité des vagues de chaleur et en prolongeant la sécheresse".

"Ces conditions augmentent le risque et la probabilité de propagation des incendies de forêt."

L'Organisation météorologique mondiale

dans un rapport

En 2023, de nombreux incendies, dans les hémisphères nord et sud, ont ainsi "entraîné des émissions totales cumulées de particules et de carbone bien supérieures à la moyenne annuelle des 20 dernières années au moins", alerte l'OMM. Au Canada, par exemple, l'année 2023 a établi un record sur plusieurs décennies, avec sept fois plus d'hectares brûlés que la moyenne de 1990 à 2013. Le Chili a aussi été touché par des incendies de forêt dévastateurs en 2023 et a même déclaré l'état d'urgence environnementale dans certaines régions, face aux niveaux alarmants de pollution atmosphérique enregistrés.

Dans son rapport, l'Organisation météorologique mondiale pointe en particulier les particules d'un diamètre de 2,5 micromètres ou moins (PM2,5), qui proviennent notamment des incendies de forêt et qui "constituent un risque grave pour la santé, en particulier si elles sont inhalées pendant de longues périodes". Le service européen Copernicus et le bureau GMAO de la Nasa ont en effet établi que "les incendies de forêt en Amérique du Nord ont provoqué des émissions de PM2,5 exceptionnellement élevées par rapport à la période de référence 2003-2023".

Des problèmes qui vont de pair

Cette pollution aggravée par les feux de forêt n'a pas seulement des conséquences sur la santé humaine, mais aussi sur l'agriculture et les écosystèmes. "Les dépôts d'azote, de soufre et d'ozone réduisent les services fournis par les écosystèmes naturels tels que l'eau propre, la biodiversité et le stockage du carbone", explique le rapport de l'OMM.

La pollution de l'air aux particules fines réduit aussi la quantité de lumière du soleil qui atteint les feuilles des plantes. Les particules fines "peuvent réduire la productivité des cultures dans les régions où maximiser les rendements est d'une importance cruciale pour nourrir la population", explique l'OMM.  Problème : l'agriculture elle-même contribue à ces émissions, à travers l'épandage d'engrais et de pesticides ou la pratique du brûlis. L'OMM propose des solutions simples, comme de planter des arbres ou des arbustes pour protéger les cultures de cette pollution.

Pour endiguer ces réactions qui alimentent un "cercle vicieux", l'OMM préconise d'aborder le problème du réchauffement climatique et celui de la pollution de l'air de manière conjointe. "Le changement climatique et la qualité de l'air ne peuvent être traités séparément. Ils vont de pair et doivent être abordés ensemble. Ce serait une situation gagnant-gagnant pour la santé de notre planète, de ses habitants et de nos économies, que de reconnaître l'interrelation et d'agir en conséquence", conclut Ko Barrett, la secrétaire générale adjointe de l'organisation.

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