Qu'est-ce que le compteur du réchauffement climatique que vous voyez dans votre journal "météo climat" sur France 2 et France 3 ?
Vous le voyez régulièrement dans le journal "météo climat". Un compteur de +1,18...°C défile pendant ces nouveaux bulletins météo de France Télévisions. Pensé par les chercheurs Aurélien Ribes (Météo France) et Christophe Cassou (CNRS), il matérialise l'évolution du réchauffement dû aux activités humaines à l'échelle mondiale depuis la période préindustrielle. Franceinfo vous explique ce qu'il représente exactement.
Il montre le rythme continu du réchauffement climatique d'influence humaine
Ce compteur est une estimation du réchauffement mondial causé par les activités humaines depuis la période préindustrielle (1850). Le rythme de son avancée est calculé d'après les conclusions du Giec : la température globale grimpe d'environ 2 dixièmes de degré par décennie. Ainsi, il affichait +1,173°C au 1er juillet 2022. Au 1er juillet 2023, il affichera donc +1,194°C (soit environ 2 centièmes de plus). S'il ne doit pas être lu comme l'augmentation exacte de la température du globe à un instant T, le compteur que vous retrouvez ci-dessous permet de visualiser le rythme du réchauffement d'origine humaine : ce dernier s'aggrave de manière continue, au quotidien.
Estimation du réchauffement climatique mondial induit par les activités humaines :
par rapport à l'ère préindustrielle
Mis à jour en direct
Ce chiffre sera mis à jour chaque année en intégrant les dernières observations de température moyenne mondiale. Plus la planète se réchauffera, plus la cadence s'accélérera.
Il illustre que l'influence humaine est à l'origine du réchauffement
Ce compteur ne prend en compte que l'influence humaine sur l'évolution de la température globale. Plusieurs éléments viennent y participer. En premier lieu, les émissions de gaz à effet de serre, dues principalement à l'extraction et la combustion d'énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), à la déforestation ou encore à des pratiques agricoles et industrielles, viennent réchauffer le climat. En second, les émissions d'aérosols (des particules en suspension, issues notamment de combustions) dans l'atmosphère, en réfléchissant les rayons du soleil, viennent légèrement le refroidir. C'est la somme de ces deux effets que les chercheurs ont prise en compte.
Ce calcul n'inclut donc pas les facteurs naturels, qui influencent aussi le climat : l'activité solaire et le volcanisme, ainsi que les fluctuations spontanées du système climatique, comme El Niño. L'évaluation de la contribution de ces facteurs montre qu'ils jouent un rôle limité dans le réchauffement. "La quasi-totalité du réchauffement observé depuis 1850 est dû aux activités humaines", insiste Aurélien Ribes, climatologue à Météo France.
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Quand on regarde l'évolution dans le temps de cet indicateur, la courbe du réchauffement total et celle du réchauffement dû uniquement à l'homme "se superposent presque", note d'ailleurs le chercheur. Traduction : plus on a émis de gaz à effet de serre, plus la température globale a augmenté, et les influences naturelles n'ont joué qu'un très faible rôle dans cette hausse.
Les deux courbes ont commencé leur ascension dès la fin du XIXe siècle, accélérant dans les années 1950 pendant les Trente glorieuses. Les émissions de gaz à effet de serre ont alors progressé à un rythme très rapide, mais leur effet réchauffant a été en partie masqué par l'effet refroidissant des émissions d'aérosols, également en forte hausse, et les activités volcaniques, empêchant que la température ne s'affole. Après 1980, grâce à la lutte contre la pollution de l'air, les émissions d'aérosols se sont stabilisées à l'échelle planétaire, accélérant la hausse globale des températures.
Il ne doit pas être lu comme la température actuelle
Les chercheurs le répètent : "Ce chiffre ne doit pas être interprété comme la température moyenne planétaire à un instant donné." L'incertitude sur l'estimation du réchauffement d'origine humaine est par ailleurs importante : entre +1,04°C et +1,35°C pour 2023 par rapport à 1850. L'utilisation d'un chiffre jusqu'à la huitième décimale ne permet donc que d'illustrer le rythme actuel du réchauffement attribuable à l'influence humaine, sans être représentatif de la précision réelle du calcul au jour le jour.
Il est possible de faire ralentir le compteur
Sans action rapide, le compteur pourrait franchir la barre des +3°C d'ici à la fin du siècle, nous alerte le Giec dans son dernier rapport. Il peut toutefois encore ralentir. Si les émissions de gaz à effet de serre sont massivement réduites dans les prochaines années, si des mesures ambitieuses sont mises en place immédiatement, les températures peuvent se stabiliser très rapidement, et même baisser à partir du milieu du XXIe siècle. Un scénario qui nécessiterait des bouleversements de nos sociétés : transition énergétique, rénovation thermique des bâtiments, décarbonation des transports, changement de nos modes de vie...
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