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Reportage Au salon des jets privés de Genève, l'aviation d'affaires vante le début de sa "décarbonation", les écologistes dénoncent du "greenwashing"

Des dizaines d'activistes du climat ont perturbé le salon européen de vente de jets privés à Genève (Suisse), en se menottant aux appareils présentés sur le tarmac de l'aéroport. Face aux critiques, l'industrie de l'aviation d'affaires promet de réduire son empreinte environnementale.
Article rédigé par franceinfo, Jérémie Lanche
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des militants écologistes ont mené une action sur le tarmac de l’aéroport international de Genève mardi 23 mai, en marge du salon européen de vente de jets privés. (LAURENT GILLIERON / KEYSTONE)

La "meilleure preuve" que l’aviation privée a pris conscience du changement climatique, dit Raphaël Domjan, c’est lui. Cet aventurier et pilote de l’avion solaire Solar Stratos a été invité au salon européen du jet privé, le 23 mai à Genève (Suisse), pour présenter son projet de vol dans la stratosphère. Le signe, assure-t-il, que les temps ont changé : "Je pense effectivement qu'une partie de cette industrie a envie de faire la même chose que ce qu'elle propose depuis 50 ans, mais qu'une autre partie est sensible au changement climatique".

>> Climat : des activistes interrompent brièvement le trafic aérien à l'aéroport de Genève

Il plaide pour un changement de modèle même si, selon lui, c'est dans l'aviation, "que ce sera le plus difficile". Tout en restant optimiste : "Au lieu d'être les derniers à changer, ils peuvent être plutôt les leaders du changement."

 "Si on arrive à décarboner l'aviation, ça veut dire que tout le reste de notre monde, sera décarbonable". 

Raphaël Domjan

franceinfo

"Ce n'est pas comme ça qu'on va réussir à atteindre les accords de Paris"

Un optimisme revendiqué par les professionnels du secteur. Partout, dans ce salon, on voit fleurir les mots "décarbonation", "durabilité", "carburants verts". Du "greenwashing", affirme Fanny Eternod de Greenpeace Suisse : "Les carburants durables ne représenteront que 19% de tous les carburants utilisés par les compagnies aériennes d'ici 2040. Vraiment, ce n'est pas comme ça qu'on va réussir à atteindre les accords de Paris. Il faut au contraire réduire le trafic aérien drastiquement et notamment interdire les jets privés". 

Pour réclamer cette interdiction, une centaine de militants écologistes d'Extinction Rebellion, Scientist Rebellion, Greenpeace ou encore Stay Grounded ("Rester sur Terre") ont occupé mardi 23 mai le tarmac de l'aéroport international de Genève, perturbant le salon. 

En trois heures de vol, un jet privé peut relâcher autant de CO2 dans l’atmosphère qu’un citoyen d’un pays comme la Suisse en un an, selon l'association écologiste. Et ce n’est pas le seul grief de Greenpeace. "C'est quand même assez scandaleux de voir qu'en pleine crise climatique, des ultrariches viennent faire leurs achats pour choisir leur prochain jet privé", s'insurge Fanny Eternod. Elle dénonce la communication de l'industrie de l'aviation "qui veut nous faire croire que les jets privés sont essentiellement utilisés pour faire des affaires. Or, poursuit-elle, "on se rend compte que ce secteur est essentiellement axé sur les loisirs et ça, on le voit parce que les départs en jet augmentent de 50% en juillet."

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Elle souligne aussi que l'aéroport le plus fréquenté en Europe par les jets privés se trouve à Nice (Alpes-Maritimes). "Aux dernières nouvelles, Nice reste une destination de vacances plus qu'un centre d'affaires", souligne Fanny Eternod. Genève n'est pas en reste : la ville suisse occupe avec Londres et Nice, le podium des destinations européennes les plus prisées par l’aviation privée.

Le reportage de Jérémie Lanche

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