Reportage Aux Maldives, prélever du sable permet de surélever les terres mais détruit l'environnement marin

Pour se protéger de la montée des eaux, les Maldives pratiquent le remblayage. Mais cette technique consistant à déplacer le sable pour surélever les terres est vivement critiquée par une partie de la population locale.
Article rédigé par franceinfo, Sébastien Farcis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Ces huit dernières années, les autorités ont autorisé 537 remblayages sur l'archipel (image d'illustration). (FRANK MOLTER / DPA)

Aux Maldives, l’essentiel des terres se trouve à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. Avec la fonte des glaces et la montée des eaux, une grande partie des terres de cet archipel de l’océan Indien pourrait être submergée ou inhabitable d'ici à 30 ans. Ce qui pousse les autorités à recourir à des remblayages, en allant chercher du sable au fond de la mer pour surélever les terres. Mais ces travaux sont toutefois contestés, car ils détruisent une grande partie de la vie marine.

En banlieue de Malé, la capitale des Maldives, Hulhumalé est en train de s'agrandir à coups de bulldozers. Elle accueillera bientôt une nouvelle aire urbaine, proposant nouveaux commerces et logements. Cette terre s’élèvera à deux mètres au-dessus de l’eau, soit bien plus haut que la capitale, pour se protéger de la montée de l’océan Indien. "En remblayant, ils vont enterrer et tuer toute la nature qui se trouvait dans le lagon", dénonce Humay Abdulghafoor, militante dans le collectif Save Maldives.

"Les coraux des zones voisines seront aussi touchés, car quand ils récupèrent du sable, ils dégagent des sédiments qui vont les recouvrir et les étouffer."

Humay Abdulghafoor

à franceinfo

Les associations ne sont pas les seules à regarder d'un mauvais œil les bulldozers qui s'activent sur le sable. Les pêcheurs souffrent aussi de ces travaux. "À côté d’ici, ils ont commencé à récolter du sable dans l’un des endroits les plus riches en poissons d’appât", raconte Hussein Nashid, qui embarque pour pêcher le thon jaune depuis le port d’Hulhumalé. "Leurs travaux font disparaître les poissons ! On ne peut plus pêcher. Nous devons maintenant naviguer pendant neuf heures, au lieu d’une heure avant. Et nous utilisons ainsi 1 000 litres de diesel en plus."

Les travaux s'accélèrent

Ce sont 537 remblayages qui ont eu lieu en l'espace de huit ans aux Maldives. Et cette méthode est désormais davantage utilisée pour des projets immobiliers ou touristiques, que pour se protéger de l’érosion. "Une loi est en discussion pour renforcer le rôle de l’agence de protection de l’environnement, assure Lisama Sabry, du ministère de l’Environnement. Cette agence devrait avoir l’autorité d’arrêter des projets sur la base des conclusions des études d’impact. Sinon, il n’y a aucun intérêt à faire ces études."

En attendant ces changements, les travaux s’accélèrent. Le président des Maldives vient de lancer le plus grand projet de remblayage de l'archipel, près la capitale. Il s’étendra sur 11 km² pour faire émerger, entre autres, deux îles et des complexes touristiques.

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