Reportage "Comme un tsunami au ralenti" : en Espagne, des plages et des promenades catalanes avalées par la montée des eaux

Le réchauffement climatique provoque une montée des eaux qui grignote peu à peu le littoral espagnol. Les autorités tentent de reconstituer les plages endommagées, sans pour autant convaincre les riverains ou les spécialistes de l'environnement.
Article rédigé par franceinfo - Henry de Laguérie
Radio France
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Une plage endommagée après une tempête, au nord de Barcelone, en Espagne. (HENRY DE LAGUERIE / RADIO FRANCE)

Le ministre de l’Environnement Christophe Béchu a dévoilé vendredi 5 avril la liste des 500 communes en France menacées par la montée des eaux. Mais le problème se pose également chez nos voisins en Espagne où la mer dévore le littoral catalan. Il y a quelques jours, une tempête a sérieusement endommagé les plages de Barcelone et de la Costa Brava.

À dix kilomètres au nord de Barcelone, la plage de Montgat a disparu, d’immenses vagues ont emporté tout le sable, les douches n’ont pas résisté. Des barrières de chantier ont été installées à la hâte pour empêcher les passants de s’approcher. Sous un soleil radieux, quelques jours après la tempête, Juan, retraité, ne peut que constater les dégâts.

"C’est terminé ici la plage."

Juan, un retraité

à franceinfo

"C’est triste, c’est surtout triste pour les gens comme nous, poursuit Juan. On vient tous les jours ici depuis qu’on est enfant. C’est dramatique. D'habitude, chaque été il y a des restaurants de plage ici. Cet été, il n’y aura rien."

Des logements côtiers bientôt inhabitables

Sur la Costa Brava, des promenades entières ont été englouties. À Barcelone, la plage a perdu la moitié de sa surface. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, mais cette tempête arrive au plus mauvais moment, au début de la saison touristique. Et puis, cela s’ajoute à la sécheresse qui pourrait empêcher les hôtels de remplir leurs piscines cet été. Les autorités vont tout faire pour reconstituer les plages mais pour Jordi, patron d’une école de voile, cela ne servira pas à grand-chose. "Oui, ils posent des pansements, commente-t-il. Parfois, on a vu qu’ils faisaient venir du sable. Ils vont le chercher dans le port d'à côté pour le déposer ici. Mais chaque année ça repart aussi vite. Je ne sais pas, je ne suis pas convaincu."

Une plage endommagée au nord de Barcelone, en Espagne. (HENRY DE LAGUERIE / RADIO FRANCE)

L’homme ne se fait plus vraiment d’illusion : bientôt, il devra déménager ou fermer son école. Sans plage, impossible d’entreposer ses voiliers. La mer grignote le littoral. D’ici 15 ans, près de la moitié des plages de la région ne seront plus suffisamment grandes pour accueillir du public, selon le chercheur Carles Ibanez.

"Le niveau de l’eau monte de 4 millimètres par an, dans le monde et ici aussi. C’est énorme ! Et ça s’accélère : ce sera bientôt un centimètre chaque année."

Carles Ibanez, chercheur

à franceinfo

"On pourrait arriver à un mètre d’ici la fin du siècle. Et ça ne va pas s’arranger. Le niveau de la mer va continuer de monter. Si bien que moi, je décris tout ça comme un tsunami au ralenti", image le chercheur.

 60% du littoral catalan est construit. Des logements en bord de mer seront bientôt inhabitables. La ligne de chemin de fer qui longe le littoral depuis Barcelone devra sans doute être déplacée à l’intérieur des terres.

Le littoral espagnol victime d'un "tsunami au ralenti" : reportage de Henry de Laguérie

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