COP26 de Glasgow : franceinfo lance l'opération spéciale #MontéeDesEaux
Sous l'effet de l'érosion et du réchauffement climatique, le littoral français va être profondément modifié dans les prochaines décennies. Le niveau de la mer pourrait augmenter d'un mètre d'ici 2100. L'Etat parle déjà de relocaliser certaines habitations.
En 2100, la France n'aura plus le même visage. Sous les effets conjugués de l'érosion des côtes et de la montée des eaux liées au réchauffement climatique, le littoral de notre pays, qui concentre 10% de la population pour 4% de sa superficie, va être profondément modifié. La plage où vous aviez vos habitudes va reculer, le camping ou la maison de vos vacances seront peut-être sous les eaux, ce paysage de falaises que vous aimiez tant va sans doute disparaître.
A l'occasion de la COP26 de Glasgow où la communauté internationale s'est donnée rendez-vous pour accélérer les efforts contre le changement climatique, franceinfo lance l'opération #MontéeDesEaux pour mieux comprendre ce phénomène.
Pourquoi la mer monte ?
Nos côtes subissent un double assaut. D'abord, l'érosion, un phénomène naturel lié à l'épuisement du stock de sédiments hérité de la dernière période glaciaire, grignote progressivement le rivage, de manière plus ou moins rapide selon sa nature : les plages sableuses et les falaises de craie reculent fortement alors que l'érosion est bien plus lente sur le granit. Ce phénomène est aggravé localement par l'activité humaine : extraction de sable ou de galets, barrages qui bloquent les sédiments dans les fleuves, digues ou jetées portuaires qui perturbent leur circulation naturelle.
Ensuite, le réchauffement climatique. En éjectant des tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, l'homme fait augmenter la température globale de la planète et celles des océans. En se réchauffant, l'eau se dilate et prend plus de place. Elle fait également fondre les deux calottes polaires, le Groenland et l'Antarctique. Dans son dernier rapport, remis en août 2021, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) donne un intervalle de prévisions assez large, allant de 0,28 à 1,01 m en 2100. Mais le rythme actuel de nos émissions nous entraîne nettement vers le haut de cette fourchette et vers la barre symbolique de 1 m.
Pourquoi consacrer une opération spéciale à la #MontéeDesEaux maintenant ?
2100, c'est demain. Un enfant né en 2021 va vivre ces bouleversements. Et il n'y a pas besoin d'attendre cette date pour observer les premiers dégâts. L'érosion est déjà à l'œuvre : à Soulac-sur-Mer (Gironde), l'immeuble Le Signal a été évacué en 2014 ; à Gouville-sur-Mer (Manche), deux campings risquent d'être submergés à chaque tempête ; à Biscarosse (Landes), des maisons sont menacées à horizon 2025 ; en Martinique, au Prêcheur, une école va être bientôt déplacée. Comme l'a rappelé le douloureux épisode Xynthia en 2010, les tempêtes hivernales viennent régulièrement accélérer le processus.
Surtout, les décisions d'aménagement et d'adaptation pour les prochaines décennies se prennent maintenant. Le gouvernement a ainsi annoncé en février 2020 une série de mesures pour faire face aux inondations et à l'érosion des côtes. Déplacer un lotissement, construire une digue ou repenser l'organisation d'une commune sont des processus longs et coûteux, qui nécessitent d'être anticipés. "Si on laisse la nature faire, elle va nous imposer son timing. Et la gestion dans l'urgence est mauvaise conseillère et onéreuse", rappelle Stéphane Costa, géographe à l'université de Caen et président de la Stratégie nationale du trait de côte.
Enfin, c'est maintenant qu'il faut agir pour freiner le réchauffement climatique. Comme l'a rappelé l'ONU en septembre, le monde est aujourd'hui sur un "chemin catastrophique". Si nous voulons éviter le pire des scénarios et une élévation globale de 1,01 m, nos émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer dès maintenant. La #MontéeDesEaux est donc d'une brûlante actualité. Une récente étude de l'Insee menée en Normandie estime que 122 000 personnes vivent dans des zones menacées par la submersion marine à terme.
En quoi consiste cette opération spéciale ?
Nous publions cette semaine un grand format, cinq reportages sur le littoral et dans une salle de réalité virtuelle, deux cartes pour comprendre et un article axé sur les solutions face à ce phénomène. Les reportages en métropole et les articles ont été écrits par nos journalistes Thomas Baïetto, Brice Le Borgne et Pierre-Louis Caron et illustrés par le photographe Pierre Morel. Le reportage en Martinique a été assuré par Sophie Lonete de Martinique La 1ère.
>> CARTE. #MontéeDesEaux : votre ville ou votre plage sont-elles menacées ?
>> Lutte contre le réchauffement climatique : comment calculer et réduire son empreinte carbone ?
>> REPORTAGE. En Martinique, le village du Prêcheur va déménager pour échapper à la #MontéeDesEaux
>> REPORTAGE. Dans ce village du Nord situé sous le niveau de la mer, on se prépare déjà à la #MontéeDesEaux : "Il faudra pomper et encore pomper"
>> REPORTAGE. #MontéeDesEaux : à Dolus-d'Oléron, "on ne voit pas l'urgence à partir"
>> GRAND ENTRETIEN. Pourquoi la #MontéeDesEaux ne décourage-t-elle pas de vivre au bord de la mer ?
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