: Reportage "On voit la mer monter de plus en plus" : en Normandie, un camping fait les frais du changement climatique
Le littoral français est lui aussi touché par les effets du réchauffement climatique : le trait de côte, cette la ligne qui marque la limite jusqu'à laquelle peuvent parvenir les eaux marines, recule et menace les habitations. À Quiberville (Seine-Maritime), c'est le camping qui doit déménager.
Sur la côte normande, à Quiberville-sur-Mer, près de Dieppe, la municipalité a choisit d'anticiper la montée du niveau de la mer, en construisant un nouveau camping, plus loin de la plage. L'ancien est presque collé à l'eau et à l'entrée, il y a un grand totem, sur lequel se voit encore la marque de la crue de décembre 1999. "Nous avions 1,80 mètre d'eau au point le plus haut du camping, souligne Anne Vacandère, régisseure du Camping de la plage de Quiberville depuis 16 ans. Quand on va avoir les bulldozers qui vont démolir les locaux, je ne vais pas vous cacher que je vais avoir un petit pincement au cœur", avoue-t-elle. "Le camping est déclaré inondable. On a le risque côtier et le risque de submersion par la Saane qui passe à côté."
Seulement 30 mètres séparent le camping de la plage. "On est plus bas que la mer", détaille Anne Vacandère.
"Une digue a été faite il y a quelques années mais elle n'est plus suffisante maintenant, vu le changement climatique."
Anne Vacandère, régisseure du Camping de la plage de Quiberville-sur-Merà franceinfo
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Le nouveau camping sera bien sûr plus loin de la côte et plus haut. Les habitués de l'établissement sont partagés. Philippe, par exemple, vient de Belgique. Pour les habitants, il comprend bien sûr que le camping se relocalise. En revanche, "pour le tourisme, je comprends un peu moins, explique-t-il. En belle saison, on a moins de risque d'être inondé." Et pourtant c'est déjà arrivé à cette campeuse : "On a eu le cas un 1er mai, où la rivière a débordé. Un gros orage, toute l'eau en amont arrivait ici. Quand la mer est haute, la rivière ne se vide pas. Donc forcément ça monte et nous, étant à côté, on est inondé."
Dans la caravane d'à côté, Laurence imagine très bien le danger, "puisque de toute façon, on voit la mer monter de plus en plus lorsqu'il y a les grandes marées !"
"Comment trouve-t-on des financements adaptés à de pareils projets ?"
Le nouveau camping est encore en travaux. "Il y aura un petit endroit de restauration possible et on a une piscine en contrebas." Jean-François Bloc, le maire de Quiberville-sur-Mer, est né ici. Il a vu le recul du trait de côte. "On anticipe peut être avec quelques années, mais il faut dix ans pour monter un projet, donc on ne peut pas faire les choses dans l'urgence."
"S'il arrivait un drame, on n'aurait plus de camping pendant dix ans, alors que c'est un atout indispensable pour le budget communal."
Jean-François Bloc, maire de Quiberville-sur-Merà franceinfo
S'il arrivait un drame, on n'aurait plus de camping pendant dix ans, alors que c'est un atout indispensable pour le budget communal", ajoute-t-il.
Le projet est financé aux deux tiers par l'Europe, avec la construction d'une station d'épuration. Il reste 1,3 million d'euros à la charge de la commune de 550 habitants. L'enjeu financier est de taille. "Quand on connaît le nombre de campings qui sont en bordure du littoral en France et qui seront amenés à se déplacer, explique Jean-François Bloc, comment trouve-t-on des financements adaptés à de pareils projets ?" Une question pour l'heure sans réponse du côté de l'Etat.
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