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Environnement : l'autorité internationale des fonds marins confrontée au risque d'exploitation des ressources minières situées à plus de 4 000 mètres de profondeur

Une entreprise canadienne souhaite déposer un permis d'exploitation des ressources minières à 4 000 mètres de profondeur. Réunit à Kingston en Jamaïque, l'autorité internationale des fonds marins va tenter d'empêcher cette exploitation.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des nodules polymétalliques, qui peuvent servir à faire fonctionner des batteries, dans les eaux de Minamitorishima au Japon, en avril 2016. (HO / JAMSTEC)

Metal Compagny, c'est le nom de l'entreprise canadien qui souhaite exploiter les ressources des grands fonds. Elle a tout l’équipement pour moissonner les minéraux qui sont à 4 000 mètres de profondeur. The Metal Compagny créé les conditions pour déposer d'ici quelques mois un permis d'exploitation.

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L’autorité internationale des fonds fait donc face à un coup de force. Réunie à Kingston en Jamaïque, cette autorité, qui dépend de l'ONU, va tenter de mettre sur pied une réponse de plus long terme avec l’élaboration d’un possible moratoire. "Le moratoire, c'est clairement une deuxième lame", soutient François Chartier, en charge de ce dossier pour l'ONG Greenpeace. "Si les États n'arrivent pas à bloquer ce risque de la possibilité d'une exploitation sans code minie, pour nous, le moratoire est aujourd'hui le moyen juridique de prévenir de l'exploitation minière et de se donner du temps. Le temps scientifique pour savoir si on peut y aller."

"C'est un sujet politique"

Un peu moins d’une vingtaine d’états, parmi lesquels la France, plaident aujourd’hui pour ce moratoire. La procédure va prendre du temps. L’ambassadeur français pour les pôles et les enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor espère une conclusion dans deux ans en France. "C'est un sujet politique. Est-ce qu'on veut labourer 50 % de la surface des fonds marins avec tous les risques qui existent ? Nous, notre volonté, c'est de pouvoir avoir, lors de la grande conférence des Nations unies sur l'océan ou 'la COP des océans, qui aura lieu à Nice en juin 2025, une vraie discussion au niveau des chefs d'État et de gouvernement, il y en aura une centaine, sur ce sujet."

Si la protection des grands fonds semble progresser aujourd’hui, c’est sans doute grâce a l’agenda international. Il s’est penché cette année sur les océans et la biodiversité. "En décembre dernier, on a eu la COP 15 qui a acté cet objectif de 30% de protection de l'océan et des terres rares d'ici à 2030", rapelle Anne Sophie Roux qui appartient à l’alliance pour un océan durable. "Là, on vient d'avoir aussi l'adoption du traité sur la haute mer à l'ONU. Donc en fait, on voit qu'il y a déjà un mouvement global de reconnaissance et de prise en compte de plus en plus importante de l'océan."

Si les grands fonds attirent la convoitise, c’est parce qu’ils contiennent des minéraux précieux pour la transition énergétique. Aujourd’hui, les pays sont sous le régime de l’exploration. La première demande d’exploitation pourrait tomber d’ici quelques mois.

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