Environnement : l'usure des pneus d'une voiture génère entre 17 et 40 kilos de particules plastiques

L'association Agir pour l'Environnement, qui vient de réaliser une étude, appelle, face à l'identification de certains composés cancérigènes, à "lever le secret industriel sur la composition chimique des pneus".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pneus de voitures  (illustration). (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

"Sur la durée de vie d’une voiture, l’usure des pneus va générer, selon les modèles, entre 17 et 40 kilogrammes de particules de plastiques et autres additifs", alerte lundi 14 octobre l'association Agir pour l'Environnement qui publie une étude révélée par France Inter. Pour arriver à ce résultat, un laboratoire a analysé les trajets réalisés par deux voitures différentes, une berline et une citadine. Il en ressort que pour chaque kilomètre parcouru, une voiture perd "entre 65 et 151 mg de gomme".

Selon cette étude, chaque véhicule produit à chaque kilomètre des "milliers de milliards, voire des dizaines de milliers de milliards de micro et nanoparticules". L'association juge cette "quantité alarmante", d'autant que "plus de 99,97% de ces particules échappent aux organismes de contrôles". "C'est une source de pollution majeure non seulement pour notre environnement, mais aussi pour la qualité de l'air que nous respirons et particulièrement aux abords des axes routiers", prévient Agir pour l'Environnement.

"Au moins 25 composés organiques volatiles" dont plus de la moitié cancérigènes

"Cette pollution est complètement passée sous silence", dénonce au micro de France Inter Stéphane Kerkhov, directeur général d'Agir pour l'Environnement. Il regrette un manque de documentation criant au regard de l'importance de cette pollution. Il explique que si l'on "rapporte à l'ensemble du parc automobile, ça représente une contamination des milieux écologiques de plus de 50 000 tonnes de particules de gomme".L'association déplore "l'absence de transparence quant à la composition exacte des pneus de voitures", souvent inconnue du grand public et "couverte par le secret industriel". Elle affirme que son enquête a identifié "la présence d’au moins 25 composés organiques volatiles différents" dont "plus de la moitié sont considérés comme cancérigènes par l'OMS".

Face à ces résultats qu'elle qualifie d'"inquiétants", l'association appelle à "lever le secret industriel sur la composition chimique des pneus" afin "de permettre aux organismes publics d'évaluation environnementale et sanitaire de conduire des études approfondies". Elle considère "insuffisante l'évaluation environnementale et sanitaire des pneumatiques", ce qui "ne permet pas d'engager une politique de réduction des risques". "S'il est confirmé que les additifs chimiques représentent jusqu’à 50% de la masse des pneumatiques, il est de la première importance de soumettre la commercialisation des pneumatiques à une autorisation de mise sur le marché accordée par l’autorité européenne à la suite d’une évaluation environnementale et sanitaire poussée", avertit Agir pour l'Environnement.


Méthodologie
Pour mener cette étude, l'association Agir pour l'Environnement a fait appel à un laboratoire spécialisé indépendant. Ce dernier avait pour mission de "quantifier le nombre de particules ultrafines issues de la brasure des pneus". Pour ce faire, il a analysé la "production de particules pendant des trajets sur autoroute et sur voies urbaines et rurales de deux véhicules électriques équipés des pneus d'origine des constructeurs, un SUV compact (berline) et un SUV citadin". Les pneus des véhicules ont à chaque fois été "démontés, nettoyés puis pesés avant et après chaque parcours afin de mesurer le poids de gomme perdue en fonction du nombre de kilomètres parcourus".

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