Environnement : "Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans", alerte Christophe Béchu
"Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans", a alerté samedi 27 mai sur franceinfo Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, alors qu'une deuxième session de négociations s'ouvrira ce lundi à l'Unesco, à Paris, en vue de l'adoption d'un traité international contre la pollution plastique.
franceinfo : Quel est l'enjeu de ces discussions ?
Christophe Béchu : Il est considérable. On a libéré sept milliards de tonnes de plastique au cours de ces 50 dernières années, 85% de la pollution des océans c'est du plastique. Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. Si on ne fait rien, 10% de nos émissions de gaz à effet de serre seront du plastique. Donc, cela menace la biodiversité, cela participe au réchauffement climatique, cela détruit l'environnement et cela menace la santé. Aujourd'hui, du plastique on en trouve partout, même au sommet des Pyrénées. Les plastiques lourds transformés en microparticules finissent par être transportés par les vents et sont ventilés partout sur la planète. On en retrouve dans toutes les espèces vivantes, les sols, l'eau.
Que faut-il faire ?
Il y a urgence à se mobiliser pour arrêter d'augmenter cette production, pour être capable de réduire et de recycler. Mais, il faut d'abord réduire notre dépendance au plastique. On est devenu le premier pays au monde à interdire la vaisselle jetable dans la restauration rapide. En 2022, 20 milliards d'objets en plastique ont été écoulés dans tous les restaurants rapides.
Qui participe à ces négociations ?
Aujourd'hui, ce sont les ministres qui se rencontrent et à partir de lundi ce sont les négociateurs qui prennent le relais. Il y a une dimension qui consiste à ce que les plus motivés, la coalition pour une haute ambition, se retrouvent. Il y a beaucoup de pays européens, des pays africains. Le Rwanda est le premier pays qui en 2008 a interdit les sacs plastique. On a le Kenya qui est très engagé, l'Afrique du Sud. L'enjeu c'est d'essayer de convaincre des pays comme la Chine, les Etats-Unis, globalement les pays qui produisent du plastique. En moyenne, un habitant sur la planète c'est 60 kilos de plastique par an et par personne. Les Européens sont à 150, les Américains près des 300. L'enjeu c'est de se mettre d'accord sur un calendrier, 2040 fin de la pollution plastique, sur le fait que le traité doit être contraignant, doté de moyens et d'une instance d'expertise. L'un des enjeux est d'obtenir une sorte de Giec du plastique.
Comment allez-vous convaincre les plus réticents ?
On a des alliés. En nous appuyant sur l'OMC, les douanes, on peut avoir des systèmes de contrôle. Il y a un mécanisme de paiement qui doit être posé parce qu'il est moral. C'est le principe du pollueur-payeur. C'est le fait d'être capable d'aller taxer ceux qui produisent du plastique pour qu'on puisse faire en sorte d'avoir les ressources qui permettent de diminuer cette dépendance. L'objectif c'est d'aller chercher cette taxe au niveau mondial. S'il y a des climatosceptiques ce n'est pas le cas avec le plastique parce que tout le monde voit qu'il y en a partout. Tout le monde voit la manière dont cela pourrit notre planète. La mobilisation des pays est grandissante. L'enjeu est de cranter la date de 2040, le fait qu'on est sur une réduction et un dispositif de financement et de vérification des objectifs.
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