Fin du plastique à usage unique : "Nous allons devoir changer nos habitudes"
Depuis le 1er janvier 2021, de nombreux objets en plastiques à usage unique sont interdits à la vente, notamment dans la restauration ou les distributeurs automatiques.
"Nous allons devoir changer nos habitudes", a annoncé sur franceinfo Angèle Préville, sénatrice du Lot et auteure du rapport parlementaire sur la pollution plastique. "Nous sommes beaucoup trop habitués à jeter comme si on pouvait le faire sans dommages pour la nature et pour notre santé", explique-t-elle, en reconnaissant que se passer du plastique va être "très dur" puisque "l'industrie de la plasturgie est en pleine expansion".
franceinfo : Est-ce que le plastique à usage unique et les emballages, ce sont les bons leviers pour agir ?
Angèle Préville : Oui, bien sûr, ce sont les bons leviers. C'est une première chose importante à faire maintenant, mais ce n'est que le début puisque le plastique est partout dans nos vies. Et il y a une nécessité très importante à agir davantage et à aller beaucoup plus loin dans les interdictions. Elles sont à venir. Avec ce que nous avons découvert en rédigeant ce rapport sur la pollution plastique, c'est que les plastiques, notamment sous forme de microplastiques, sont partout dans l'environnement. Ils sont dans les sols, dans l'air, dans les eaux des fleuves, des océans. Et il y a évidemment un grand risque pour la santé humaine, pour la biodiversité.
Nous devons absolument limiter les utilisations du plastique. Nous allons devoir changer nos habitudes, c'est-à-dire nous équiper de gourdes, même nous équiper de couverts réutilisables en inox dans des petits contenants qu'on pourra laver après à la maison. Nous sommes beaucoup trop habitués à jeter comme si on pouvait le faire sans dommage pour la nature et pour notre santé. Vu ce qu'on est en train de découvrir, on ne peut plus continuer tout cela.
L'objectif de la France, qui veut aller encore plus loin que l'Union européenne en interdisant tous les plastiques à usage unique d'ici 2040, est-il tenable ?
Oui, je pense que c'est tenable, surtout que l'objectif est vraiment très, très loin devant nous, c'est dans 20 ans. J'espère juste qu'on aura réussi bien avant à changer nos habitudes de consommation. Il faut qu'il y ait un éveil des consciences sur le plastique. Des carottages de glace au sommet de l'Everest révèlent la présence de microfibres textiles, on en retrouve dans l'air, également au niveau du Pic du Midi. En interdisant ces objets-là, tous les citoyens pourraient penser que c'est bon, on est sur la bonne voie. Mais on est très loin du compte. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'industrie de la plasturgie est en pleine expansion. Les matières plastiques, c'est le troisième matériau fabriqué dans le monde actuellement, après le ciment et l'acier. C'est en progression exponentielle et ça va être très dur de lutter contre ça.
Pourtant on voit avec l'épidémie de Covid-19 une nette hausse de l'usage du plastique à usage unique, qui est utile à certains égards, comme dans le e-commerce. Il y a donc des contradictions dans nos modes de vie ?
Bien sûr, et pour ce qui est de la livraison par colis, on a le problème du polystyrène expansé. Lors de notre mission sur la pollution plastique, on a rencontré des chercheurs, notamment au bord de la Méditerranée, qui nous disaient que maintenant, ce qu'on détecte le plus sur les bords des plages, ce sont des morceaux de polystyrène expansé. C'est une vraie plaie. Et ça a un impact sur la biodiversité. C'est un plastique qui reste dans l'environnement, notamment dans l'océan. Il va être colonisé par des micro-algues et des organismes qui vont attirer les poissons, les animaux, les oiseaux. Ils vont les aller les consommer, pensant que c'est de la nourriture. Donc il y a un impact très important sur la biodiversité et l'impact sur la santé humaine est encore à découvrir.
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