Les Français consomment de moins en moins d’huile de palme
En 2013, les Français ont consommé 2,8 g d’huile de palme par jour dans leur alimentation, selon cette étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Le Crédoc ne s’est pas penché sur les autres produits comme les shampoings ou les gels douche qui en contiennent. En 2009, nous étions plutôt autour de 5,5 g par jour. Cela représente 7% des apports quotidiens en acides gras saturés pour un enfant et 4% pour un adulte. Le beurre, la viande, la margarine, la charcuterie sont donc les autres apports en acides gras saturés.
Les industriels se mobilisent
Cette baisse s’explique d’abord parce que l’étude du Crédoc est beaucoup plus précise que les précédentes. Mais aussi parce qu’aujourd’hui de nombreux industriels cherchent à la remplacer. Des logos sans huile de palme ont fleuri depuis deux ans sur de nombreux plats préparés ou biscuits. D’autres ont choisi, il y a un an, de créer l’Alliance Française pour une Huile de Palme Durable, comme Neslé, Unilever, le plus connu Nutella. "Nous souhaitons utiliser une huile de palme qui n’a pas d’impact sur la déforestation et dans des plantations qui améliorent les conditions sociales de ses travailleurs ", explique Guillaume Réveilhac, président de cette Alliance pour une Huile de Palme Durable.
L’alliance s’appuie sur des critères similaires à ceux du label international RSPO, un label vert de l’huile de palme. Ce label a progressé de 50% ces six derniers mois mais ne représentent encore qu’une faible part de la production mondiale.
Une forte déforestation en Indonésie
"Pour moi, ce label n’est absolument pas un outil pour stopper la déforestation ", explique Aurélien Brulé, aussi appelé Chanee. Ce franco-indonésien a créé en Indonésie, il y a 16 ans, l’association Kalaweit qui veut dire gibbons en indonésien. Une association pour protéger les grands singes victimes de cette déforestation.
L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme est passée devant le Brésil en termes de déforestation cette année.
Les planteurs de palmiers à huile ont brûlé six millions d’hectares de forêt en deux ans, soit la surface de l’Irlande. Encore cette semaine, les fumées de déforestation ont bloqué les avions qui ne pouvaient pas atterrir à Bornéo faute de visibilité. "L’industrie de l’huile de palme dit que les grandes compagnies ne brûlent pas de forêt pour planter des palmiers à huile. On nous dit que ce sont les villageois qui le font. Mais à qui les villageois vendent ensuite leur grappe de palmier. Aux grandes compagnies qui tiennent le marché ", tempête Chanee.
Bastien Sachet est à la tête de Forest Trust, un ONG qui conseille les industriels pour améliorer leur pratique. Il reconnaît que le label en est à ses balbutiements mais pense que l’on peut changer les choses de l’intérieur. "De grands traders d’huile de palme comme Willmar exigent d’une partie de leurs fournisseurs que l’huile soit produite sans déforestation. C’est un très bon signe ", estime-t-il.
Chanee voit lui plutôt que 30 000 hectares du parc national TanJung Puting à Borneo vont être convertis en plantation. Il pense qu’une loi indonésienne serait plus efficace pour bloquer le phénomène plutôt qu’un label de l’industrie. D’autres ONG, y compris Greenpeace estime que ce label va quand même dans le bon sens. Il encourage au moins les industriels européens à regarder où et comment est faite leur huile de palme plutôt que de l’acheter à un trader sans se soucier du reste.
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