Mise en place éventuelle d'une consigne pour les bouteilles en plastique : "Les Français vont payer deux fois", déplore l'association Amorce
La secrétaire d'État Bérangère Couillard lance une grande concertation à partir de lundi 30 janvier avec les industriels, les associations et les collectivités sur la mise en place éventuelle d'une consigne des bouteilles en plastique en France. Le principe, les consommateurs achètent au supermarché les bouteilles d'eau ou de soda un peu plus cher, puis les rapportent vides contre quelques centimes rendus par un automate. "Les Français vont payer deux fois. À la fois pour avoir un bac jaune et pour financer les automates", critique lundi 30 janvier sur franceinfo Nicolas Garnier délégué général de l’association Amorce qui représente les collectivités locales. Selon lui, la bouteille plastique n'est pas l'enjeu, "c'est probablement l'objet le mieux recyclé de France".
Il faut se concentrer sur les "emballages plastiques et même tous les autres plastiques" comme "les jouets" par exemple. L’idée d’une consigne sur des bouteilles en plastique avait déjà été rejetée en 2019 par les Sénateurs et les collectivités locales.
franceinfo : On comprend bien la consigne pour le verre. On récupère les bouteilles, on les lave, on les réutilise. Quand on parle de consigne pour le plastique, c'est la même chose ?
Nicolas Garnier : Pas du tout. C'est bien le problème. Tout le monde est pour la consigne, pour le réemploi des bouteilles qu'on va laver et réutiliser. Mais en réalité, là, on est en train de nous proposer de nous prendre quelques centimes d'euros, jusqu'à 0,15 € sur une bouteille d'eau ou une bouteille de soda, et de vous les rendre si vous la ramener en magasin. Et ce, non pas pour la réemployer, mais pour la broyer, pour la recycler exactement dans les mêmes conditions que si vous aviez mis votre bouteille dans votre bac jaune, dans votre cuisine ou dans votre dans votre espace commun de votre immeuble.
"On vous transforme en collecteur de déchets, mais pour en faire exactement la même chose que si vous l'aviez mis dans le bac jaune, simplement, ça va vous coûter 0,15 € de plus."
Nicolas Garnier délégué général de l’association Amorceà franceinfo
La consigne pour les bouteilles en plastique pourrait déséquilibrer la filière du tri ?
La priorité de la gestion des déchets, ce n'est pas du tout le recyclage de la bouteille. En fait, la bouteille, c'est probablement même l'objet le mieux recyclé de France. On est entre 60 et 70% de recyclage. On est à presque zéro sur le pot de yaourt ou sur le paquet de chips. Les grands enjeux sont justement sur tout ce qui n'est pas une bouteille, tout le reste des emballages plastiques et même tous les autres plastiques, les jouets, les couches culottes.
"La plupart des plastiques ne se recyclent pas, alors que la loi impose un recyclage à 100% d'ici 2025. On en est très loin."
Nicolas Garnierà franceinfo
Mais pour les collectivités aujourd'hui, l'enjeu, c'est l'explosion des coûts de la gestion des déchets. Il faut savoir que la collecte des déchets coûte aujourd'hui à peu près 150 € par habitant et que les élus vont devoir annoncer aux populations des augmentations très importantes de 10, 20% cette année. On n'arrive pas à baisser la quantité des déchets, on n’en recycle pas assez. Et puis on a de plus en plus de mal à trouver des solutions d'élimination des déchets résiduels.
Il n'y a pas la place pour les deux modes de collecte ?
Les Français vont payer deux fois. À la fois pour avoir un bac jaune à proximité de chez eux ou dans leur maison, et en plus, il va falloir qu'ils payent 0,15 € pour financer les automates. On risque d'avoir deux dispositifs concurrents. Alors qu'en réalité la collecte sélective des bouteilles est plutôt bonne dans ce qu'on appelle la bouteille ménagère, c'est-à-dire celle que vous allez acheter dans votre supermarché et que vous allez consommer chez vous. Là où on est nul en France, c'est ce qu'on appelle le "hors foyer", c'est-à-dire la bouteille que vous achetez dans une boulangerie et que vous allez boire en allant au travail ou celle qu'on achète dans un stade de foot. Là, on est à zéro. On avait promis de mettre en place une collecte sélective dans les lieux publics, ce qui n'a pas été fait alors que c'était une obligation. D'autre part, on devait mettre en place une collecte sélective en entreprise. La collecte sélective par le service public est plutôt bonne, on est à presque 75%, donc on a fait les deux tiers du travail. Le problème, c'est qu'il y a toute une partie de la vie des gens pour laquelle il n'y a pas de collecte sélective. Il faut mettre cette collecte sélective en place.
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