Nucléaire et circonscriptions : un accord serait en vue entre écologistes et socialistes
Pierre d'achoppement entre Europe écologie-Les Verts (EELV) et le Parti socialiste, le nucléaire est en passe de faire naître un atome crochu entre les deux camps. Les négociations doivent reprendre mercredi en vue d'un accord électoral.
Même si les écologistes se veulent fermes sur le sujet, l'équipe de François Hollande n'a pas l'intention d'utiliser l'expression "sortie du nucléaire". Pourtant, les deux parties pourraient aboutir à un accord à la mi-novembre, selon le journal Le Monde.
Le candidat socialiste préconise une réduction de 75% à 50% d'ici à 2025 de la part du nucléaire dans l'électricité produite, explique Michel Sapin, un proche d e M. Hollande. De leur côté, dopés par la catastrophe de Fukushima, les écologistes exigent une sortie du nucléaire, faute de quoi pas d'accord pour 2012.
"Le PS aura besoin de nous"
Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé a nuancé vendredi la position des "écolos". Dans un entretien accordé à Paris Match, il a indiqué que le parti écologiste était prêt à "aller au-delà" de la sortie du nucléaire en 25 ans en terme d'échéance, "sans qu'il soit question d'adopter le calendrier proposé par François Hollande". "Au moment du vote à la présidentielle, le PS aura besoin de nous. A nous de montrer ténacité et courage, à François Hollande sens du rassemblement...", a-t-il ajouté.
Mais Denis Baupin, négociateur EELV, "doute" d'une volonté du PS de poursuivre la baisse du nucléaire après 2025. "On entend les socialistes le dire entre quatre z'yeux mais quand il faut l'écrire, tout s'arrête. Considèrent-ils que ça les rendrait moins crédibles face à Nicolas Sarkozy ou veulent-ils nous entourlouper ?", s'interroge-t-il.
Un groupe EELV à l'Assemblée
Laurence Rossignol, chargée au PS de l'environnement, ne partage pas cette inquiétude. "Les scénarios de sortie ou de réduction du nucléaire peuvent se retrouver dans la même fourchette". Avec des intentions de vote ne dépassant pas les 5% d'après les derniers sondages, les écologistes ne disposent pas d'une large marge de manœuvre dans les négociations. EELV aurait donc choisi de faire preuve de réalisme.
Selon le journal Le Monde, les deux partis ne sont plus très loin d'un accord électoral qui pourrait être signé à la mi-novembre. Les négociations reprendront mercredi prochain alors que des compromis auraient déjà été obtenus : la "sortie" du nucléaire n'est pas envisageable en l'état mais des centrales seront fermées. Par ailleurs, le PS soutiendra la constitution d'un groupe EELV à l'Assemblée (possible à partir de 15 députés). Une dose de proportionnelle sera introduite dans le scrutin législatif.
La discorde dure depuis 30 ans
Selon Yves Cochet, la discorde sur le nucléaire est apparue entre socialistes et écologistes à l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981.
"Au début des années 70, nous manifestions avec nos camarades du PS contre le programme électro-nucléaire", explique le co-fondateur des Verts. Les socialistes "se sont laissés avoir par la technostructure du corps des Mines, de l'appareil d'Etat, des ingénieurs de Bercy", fait-il valoir. Ces derniers leur ont dit "quand on est au pouvoir, il faut accepter le nucléaire", selon le député de Paris qui pointe "une espèce de realpolitik" du PS juste après le deuxième choc pétrolier.
Lors des négociations pour les élections de 2002, c'est Lionel Jospin qui "avait bloqué", raconte Denis Baupin. Pourtant, assure l'élu parisien, les Verts "avaient commencé à aboutir sur une réduction du nucléaire" avec le premier secrétaire du PS d'alors. Un certain François Hollande.
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