Glaces, biscuits, épices… Ce qu'il faut savoir sur le rappel de 7 500 produits contaminés par de l'oxyde d'éthylène
Fromages, biscuits apéritifs, confiseries… La liste des produits rappelés s'allonge. Tous contiennent de l'oxyde d'éthylène au-delà du seuil autorisé.
Ne vous étonnez pas si vous ne trouvez plus votre glace préférée au rayon surgelés. De nombreuses crèmes glacées de grandes marques ont été retirées de la vente ces derniers jours, rapporte le fichier de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) mis à jour lundi 14 juin.
La raison ? On y a retrouvé des résidus d'oxyde d'éthylène dans une proportion supérieure à la maximale autorisée en Europe. Et les glaces sont loin d'être les seuls produits visés par ce rappel sanitaire. Au total, plus de 7 400 produits ont été identifiés comme impropres à la consommation car ils contiennent du sésame, du psyllium et d'autres ingrédients contaminés à l'oxyde d'éthylène. En effet, ce pesticide s'avère cancérigène s'il est consommé en grande quantité. Franceinfo revient sur ce rappel massif.
1Quand l'alerte a-t-elle été lancée ?
Cela fait neuf mois que les autorités sanitaires sont informées de l'existence de produits présentant une teneur en oxyde d'éthylène "supérieure à la limite maximum réglementaire". Une première alerte concernant la contamination de graines de sésame provenant d'Inde a ainsi été lancée en septembre 2020 par les autorités sanitaires belges, via le réseau d'alerte rapide européen pour l'alimentation humaine et animale, le Rasff. Dans la foulée, il a été décidé de retirer du marché tous les produits incriminés et de rappeler ceux déjà achetés par des consommateurs.
Depuis, le nombre de produits contaminés à l'oxyde d'éthylène ne cesse d'augmenter et les rappels s'enchaînent : après du pain, des biscuits apéritifs ou encore des gâteaux, ce sont ainsi près de 60 sortes de crèmes glacées qui sont concernées, relate France 2.
Des investigations sont toujours en cours pour identifier l'origine de cette contamination à l'oxyde d'éthylène, précise la DGCCRF dans son communiqué daté du 16 juin. Jusqu'à présent, cette molécule n'était pas recherchée en Europe dans les analyses de routine. "Nombre de distributeurs avouent même en avoir découvert l'existence au moment du scandale du sésame", relève le magazine 60 millions de consommateurs dans son enquête (article payant).
2Qu'est-ce que l'oxyde d'éthylène ?
L'oxyde d'éthylène "est une substance classée comme agent cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR), dont l'utilisation est interdite dans l'Union européenne en tant que produit de protection des denrées alimentaires et des aliments pour animaux depuis 2011", rappelle la DGCCRF.
Dans l'industrie agroalimentaire, l'oxyde d'éthylène sert à désinfecter les produits : il est alors utilisé sous forme de gaz comme traitement préventif. Il sert aussi comme biocide afin de tuer les éventuelles bactéries présentes dans les épices, ou comme fongicide pour éliminer les possibles moisissures. Il peut également être appliqué comme pesticide lors du traitement des cultures et sert aussi à désinfecter les surfaces en contact avec des denrées alimentaires.
Depuis 2011, son utilisation en tant que pesticide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux est interdite dans l'Union européenne. Il y est seulement autorisé pour la stérilisation des dispositifs médicaux à usage unique. Mais dans certains pays extérieurs à l'Union européenne, l'oxyde d'éthylène est utilisé pour stériliser des épices ou des grains, notamment les graines de sésame en Inde.
3Quels sont les risques en cas de consommation d'un produit contaminé ?
Les autorités sanitaires "n'ont pas connaissance de signalements d'intoxication de consommateurs à l'oxyde d'éthylène en lien avec les produits rappelés", précise la DGCCRF. Toutefois, un risque peut exister si ce produit est consommé sur le long terme ou à haute dose via des produits alimentaires en contenant. Il peut alors s'avérer cancérigène et peut aussi causer des anomalies génétiques, étant un agent mutagène. C'est pourquoi la DGCCRF appelle à "limiter au maximum l'exposition des consommateurs à cette substance" en demandant le retrait des produits contaminés.
4Quels sont les produits visés ?
Ne vous étonnez pas si vos rayons de supermarché sont moins fournis que d'habitude. Biscuits, farines, fromages, glaces, thés… A la date du 16 juin, quelque 7 491 produits, vendus par de nombreuses marques (Auchan, Biocoop, Carrefour, Casino, Extrême, Picard, Leclerc, Ma vie sans gluten, Système U…) sont désormais concernés.
Depuis septembre 2020, la liste des alertes portant sur des aliments contaminés par cette substance toxique s'est étendue à divers produits vendus par de grandes marques (Auchan, Bioccop, Bjorg, Bongran, Carrefour, Casino, De Kroes, Ducros, Extrême, Franprix, Leaderprice, Leclerc, Ma vie sans gluten, Pasquier, Picard, Superdiet, Système U, U Bio, Wasa…). Dans cette longue liste se trouvent aussi bien des produits de grandes marques (comme les barres glacées Bounty, Twix ou Snickers) que ceux des distributeurs, tels que les petits pains pavés aux céréales précuits d'Auchan ou les biscuits à l'épeautre et au sésame de Casino.
Les consommateurs sont invités à consulter la liste régulièrement mise à jour sur le site du ministère de l'Economie, afin de vérifier s'ils sont en possession d'un produit concerné par ce rappel. Classés par catégories (biscuits sucrés, biscuits apéritifs, confiseries, céréales, épices, farines, glaces, plats préparés…), les produits contaminés sont répertoriés par nom, marque, code-barre et distributeur. Vous pouvez naviguer dans un fichier Excel qui permet une recherche par numéro de lot.
5La présence de résidus d'oxyde d'éthylène est-elle tolérée en Europe ?
Oui, mais de façon très limitée. Comme toute trace de ce produit dans les denrées importées ne peut être évitée, la Commission européenne a fixé un seuil limite de détection d'oxyde d'éthylène à 0,05 mg/kg sur les graines et les herbes et 0,1 mg/kg sur les épices. Tout produit dépassant cette limite maximale de résidus (LMR) ne doit ni être commercialisé ni maintenu sur le marché, précise le Rasff (en anglais).
Dans le cadre de ce vaste rappel, "certains lots de sésame présentent des teneurs en oxyde d'éthylène allant jusqu'à 186 mg/kg, une valeur 3 500 fois plus élevée que la limite maximale de résidus", s'inquiète 60 millions de consommateurs.
En février, le Sénat, dans son rapport d'information sur les retraits et les rappels de produits à base de graines de sésame importées d'Inde, faisait état de "prélèvements constatant des résidus à 50 mg/kg, soit près de 1 000 fois plus que la LMR autorisée et 5 000 fois plus que la LMR maximale pour les produits issus de l'agriculture biologique".
6 Que doivent faire les consommateurs concernés ?
Si, lors de vos courses, vous tombez sur un des produits correspondant à un lot rappelé, la DGCCRF vous invite à le signaler sur le site du gouvernement Signal conso. Elle a par ailleurs appelé les professionnels à renforcer leurs autocontrôles sur ces denrées le plus en amont possible dans la chaîne de production des aliments.
Autre cas de figure : si vous trouvez un ou plusieurs de ces produits dans vos placards ou votre réfrigérateur, il est conseillé de le ramener là où vous l'avez acheté afin de vous le faire rembourser ou de procéder à un échange. La plateforme Rappel Conso, qui répertorie tous les produits concernés par un rappel, recense pour chaque cas les modalités de retour avec les dates de fin de procédure. Vous pouvez également contacter le service clients du point de vente concerné.
Enfin, si vous avez ingéré un ou plusieurs produits incriminés, le risque encouru est "le dépassement des limites autorisées de pesticides", précise Rappel Conso sur chaque fiche de produit rappelé. Le site vous invite alors à ne plus consommer le produit contaminé.
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