Pollution : en 60 ans, "la population mondiale a été multipliée par 2, la consommation de plastique par 40", dénonce la présidente de la Fondation de la Mer
"Depuis les années 1960, la population mondiale a été multipliée par deux, la consommation de plastique par 40", s'alarme lundi 13 novembre sur France Inter Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer, alors que s'ouvrent des négociations pour un traité mondial contraignant afin de mettre fin à la pollution plastique. Les représentants de plus de 170 pays, dont la France, vont se concerter jusqu'au dimanche 19 novembre à Nairobi (Kenya), au siège du Programme des Nations unies pour l'Environnement.
Aujourd'hui, la consommation de plastique dans le monde atteint des sommets. "On consomme 60 kilos par an et par habitant", rappelle Sabine Roux de Bézieux, qui pointe du doigt le poids élevé des Européens dans la balance. Ils utilisent chaque année, et par habitant, 120 kg de plastique, quand les Américains, eux qui ont "fondé leur mode de vie" dessus, en consomment 240, soit "quatre fois plus que l'habitant moyen de la planète", souligne la présidente de la Fondation de la Mer.
"Si on n'arrête pas cette courbe insensée, les prévisions de l'OCDE [Organisation de C oopération et de Développement Économiques] nous disent qu'en 2050, nous fabriquerons 1,2 milliard de tonnes de plastique par an", alerte Sabine Roux de Bézieux. La présidente de la Fondation de la Mer précise que ce plastique, "nous savons à peu près [le] recycler en Europe", mais qu'au "niveau mondial, on recycle 9% de la production de plastique", pour "22% qui finissent dans la nature".
Se battre pour un traité contraignant
Cette troisième séance de discussions internationales autour du plastique a pour but de "rentrer dans le cœur du sujet, le plastique dans tout son cycle de vie, de sa production jusqu'à la gestion de sa fin de vie, pour lutter contre la pollution", déclare Sabine Roux de Bézieux. La présidente de la Fondation de la Mer estime qu'aujourd'hui, "la solution se trouve en amont du cycle de vie du plastique, c'est-à-dire dans la production et la consommation".
L'enjeu de ce sommet international va être de convaincre les pays réticents à des limitations, comme l'Arabie Saoudite, "pays producteur qui avait largement participé au blocage des discussions, en juin", pointe Sabine Roux de Bézieux. À ce moment-là, "on était tous très inquiets parce que les négociations ont patiné pendant des jours et des jours, mais quand on a vu la version zéro du projet de traité, on a été rassurés", raconte la présidente de la Fondation de la Mer.
Elle assure que "la France fait partie des pays qui ont rejoint une coalition à haute ambition, lancée par le Rwanda, qui était un des premiers pays au monde à interdire les sacs plastiques il y a 5 ans" [comme le Kenya]. "L'ambition est très élevée", et "toutes les ONG et fondations, nous nous battons pour ça", pour que le traité soit "contraignant", dit Sabine Roux de Bézieux, faute de quoi, "on continuera à avoir de la pollution partout dans nos océans".
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