Reportage Tri des biodéchets : à Lyon, le compostage entre déjà dans les mœurs

De plus en plus de points de collecte de déchets alimentaires se développent dans les collectivités. Ce sera une obligation à partir du 1er janvier. La métropole de Lyon a pris les devant depuis 2021.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le compost récupéré sur la plateforme de la société Racine (dans son état de départ au premier plan, puis en fermentation au second plan) (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

À compter du 1er janvier 2024, toutes les collectivités vont devoir proposer le tri à la source des biodéchets. Des points de compost seront ainsi déployés pour permettre aux habitants de déposer leurs déchets alimentaires. Double avantage : réduire la taille de nos poubelles et proposer aux agriculteurs une terre enrichie en bout de ligne. À Lyon, la métropole dirigée par des écologistes n’a pas attendu et déploie ce système depuis 2021.

Tout part de bornes marron qui ont investi les trottoirs de Lyon et Villeurbanne. Il y en a une tous les 150 mètres, 1 300 en tout pour l’instant, à l'échelle de l'agglomération. Florent y descend les déchets alimentaires de sa famille une fois par semaine en moyenne. Il habite en centre-ville : "On peut mettre aussi bien la viande, les os, toutes les épluchures de légumes. Même les restes des assiettes. Voilà on descend ça, on met le sac kraft dedans. Moi je n'étais pas forcément prêt à faire du compost en appartement avec les contraintes que ça représente donc je trouve que c'est excellent, c'est ce que j'attendais pour faire un compost en ville."

Isabelle Petiot, vice-présidente écologiste à la réduction des déchets pour la métropole de Lyon, devant une borne à compost. (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

De fait on peut tout jeter ou presque. Isabelle Petiot est vice-présidente en charge de la réduction des déchets: "Ici on accepte tous les déchets alimentaires. On est en phase de déploiement mais on a dépassé les 100 tonnes collectées par semaine." "La grande priorité, poursuit-elle , c'est vraiment de permettre aux habitants de réduire leurs déchets vu que les déchets alimentaires concernent quasiment un tiers des poubelles d'ordures ménagères. L'idée c'était aussi de valoriser ces déchets puisqu'actuellement ils sont envoyés en incinération. C'est quasiment que de l'eau donc c'est une aberration. Là on les détourne de l'incinération et on en fait un vrai engrais naturel qui permet d'enrichir les sols."

Le processus de fermentation

Le tri ne se fait pas en plein centre-ville, d’autant que l’opération est légèrement odorante. C’est le processus de fermentation. Il se fait à Ternay à 10 km au sud de Lyon sur une plateforme industrielle celle de la société Racine. Florian Delorme est responsable du site : "On peut sentir les odeurs des fruits, des légumes, des choses comme ça qui sont en train de se décomposer. C'est purement naturel." Sur place, un camion dépose les biodéchets, à l'arrière coule une mixture hétérogène : "On voit du jus de fruits, jus de légumes. On aperçoit des potimarrons, des salades, des bouteilles en verre malheureusement, quelques bouteilles en plastique, des chaussures. On peut retrouver des choses qui ne se compostent pas et qui n'ont rien à faire sur une plateforme de compostage."

Florian Delorme, société Racine devant un tas de déchets alimentaires tout juste déposés par un camion et provenant des bornes installées dans Lyon (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

Les indésirables représentent 10% de la masse qui arrive sur la plateforme. Une machine va les extraire de la masse avant le début du processus de compost : "Les biodéchets sont vidés à même le sol et sont recouverts immédiatement avec du broyat de déchets verts. Ils vont être montés en andains ce sont des petites formes de collines. Ces andains vont naturellement monter en température pour atteindre 75/80 degrés. Une fois par mois nous retournons à la chargeuse des andains pour les oxygéner puisque les bactéries pour dégrader la matière ont besoin d'humidité et d'oxygène."

Le Compost vient constituer une terre enrichie, vendue aux agriculteurs dans un rayon de 80 km au maximum, un circuit court (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

Le processus dure quatre mois seulement entre le moment où l’épluchure est jetée dans la borne et sa vente en compost réutilisable : "C'est une terre qui est riche en éléments azote, phosphore, potasse. Les utilisateurs s'y retrouvent puisque ça reste toujours beaucoup moins cher que des engrais chimiques qui souvent sont produits à l'étranger." Et l’activité ne fait que grossir. L’entreprise Racine aura traité 7 000 tonnes de compost en 2023, c'est deux fois plus que l’an dernier.

Du compost acheté par les acteurs locaux

Le cycle est court et le circuit aussi puisque le compost est acheté par des acteurs locaux ! Les clients de Racine travaillent à 80 km maximum de la plateforme. Pour 80% d’entre eux des maraîchers et viticulteurs. Les 20% restants soit des paysagistes, soit des particuliers. Tout en aval de la chaîne de compost dans le Beaujolais, à Sarcey, il y a les vignes de Mathieu Subrin : "L'avantage c'est que ce sont des produits locaux qui ont un coût de transport minimum. On n'a pas besoin de faire venir du fumier composté de plus loin. C'est de l'apport de matière organique qui nous permet d'amener à manger à la vigne et de faire vivre le sol pour qu'il puisse retenir l'eau les éléments qui sont importants pour la vigne."

Mathieu Subrin viticulteur dans le Beaujolais, à Sarcey et acheteur du compost de Racine. (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

"On dit beaucoup que l'agriculture pollue et bien on est de plus en plus vertueux, on fait attention à nos pratiques on a plein de solutions à portée de main. Il faut juste y prêter attention." Une solution qui a de l’avenir. D’ici un an toute l’agglomération de Lyon (1 million 400 000 habitants) pourra composter ses déchets alimentaires.

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