Un restaurateur normand invente des bancs chauffants pour pallier l'interdiction des radiants
Pour anticiper l’interdiction prochaine des terrasses chauffées, jugées trop énergivores, les gérants d’une brasserie normande ont conçu un système de bancs chauffants qu’ils espèrent bien commercialiser. #IlsOntLaSolution
Cette fois, c’est sûr, les braseros, radiants électriques et autres parasols à gaz devront avoir disparu des terrasses des cafés et restaurants au 1er avril 2022. La mesure, qui s’insère dans le projet de loi "Climat et Résilience" aurait dû s’appliquer plus tôt. Mais la crise du Covid a poussé le gouvernement à accorder un délai supplémentaire à des commerçants déjà très fragilisés.
Chauffer, ça rapporte...
Car supprimer le chauffage en terrasse, c’est aussi se priver d’une clientèle non négligeable. D’autant qu’avec l’épidémie, de nombreux clients préfèrent être à l’air libre plutôt que dans un espace confiné. Selon le GNI (Groupement national des indépendants), "les terrasses représentent 30% du chiffre d'affaires dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration. Et dans ces 30%, une partie est réalisée grâce au chauffage et au confort apporté aux clients”.
... mais ça consomme !
Mais ce confort ne pouvait pas justifier ce que certains considèrent comme un "non-sens écologique". C’est ainsi qu'Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État à la Transition écologique au moment du vote de la loi, avait désigné les systèmes de chauffage des terrasses. Quant à Thierry Salomon, de l’association négaWatt, il rappelait dans un article publié sur LinkedIn, qu’une terrasse chauffée avec des braseros peut consommer jusqu’à "50 400 kWh par hiver" et émettre "13,7 tonnes de gaz carbonique" dans l’atmosphère. C’est "l’équivalent des émissions d’une berline neuve qui roulerait 122 000 km, soit trois fois le tour du globe".
Banc chauffant contre radiant
Au vu de tous ces arguments, la solution imaginée par Philippe Debray et son fils Guillaume, a donc de quoi séduire. Propriétaires d’une brasserie à Pont-Audemer dans l'Eure, ils ont essayé de trouver une alternative écologique et économique. S’inspirant des sièges chauffants des voitures, ils ont mis au point ces bancs dans lequel sont installées de résistance à basse température.
La consommation est bien moindre qu’avec un chauffage radiant. Selon Philippe Debray, "un banc de deux mètres met quinze minutes à chauffer et consomme 700 watts" contre 2000 à 3500 par jour pour un radiant. Pour chauffer une terrasse comme la sienne, il faudrait l'équivalent de dix radiants, "ce qui représente 60 euros d’électricité par jour" selon lui. À la fin de l’hiver, la facture peut donc s’avérer très salée quand les températures descendent.
Du made in Normandie
Si le banc imaginé par la famille Debray n’est pas écolo à 100 %, il tend vers une solution plus acceptable. Il consomme moins d’électricité et en plus, c’est du local ! Créés à partir d'aluminium recyclé, les panneaux des bancs sont fabriqués chez un chaudronnier de Pont-Audemer puis assemblés avec les résistances et l’isolation dans les locaux de l'entreprise Hotbench, créée en avril dernier.
Une chose est sûre, les clients approuvent : "On peut prendre un café même quand il fait froid, dit l'un d'entre eux. Je trouve ça assez fantastique comme idée. C'est tout bête mais il fallait y penser !".
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