Une campagne d'affichage contre les OGM, les pesticides et les algues vertes, a débuté mardi dans le métro
Cette campagne de France Nature Environnement provoque des étincelles entre écologistes et monde agricole alors que le Salon de l'agriculture débute samedi 19 février.
Elle a fait réagir jusque dans le gouvernement avec un ministre de l'Agriculture dénonçant un "scandale" quand son homologue de l'Ecologie défendait le "droit d'expression" des ONG.
France Nature Environnement - fédération regroupant 3.000 associations écologistes - dégaine des images fortes, 21 affiches (6 visuels distincts) à apparaître dans trois stations de métro (Odéon, Montparnasse et Saint-Lazare).
La FNE retient trois cibles: les importations d'OGM, la prolifération d'algues vertes, attribuée à l'élevage industriel des porcs et aux engrais, et les pesticides "tueurs d'abeilles". "Une campagne choc, caricaturale et clairement orientée contre l'agriculture", a estimé le président de la FNSEA, Xavier Beulin, dans un courrier adressé aux responsables régionaux du syndicat des agriculteurs.
L'affiche la plus marquante est celle d'un homme s'adonnant à la "roulette russe" avec un épi de maïs en guise de revolver sous le slogan: "C'est sans danger". FNE, estimant qu'on "n'a pas assez de recul" sur les effets des OGM, milite pour une étiquetage permettant d'améliorer la traçabilité en la matière. Sur les algues vertes, FNE appuie sur l'impact touristique -"Bonnes vacances", clame l'affiche avec un enfant - tout en appelant à traiter les causes de cette prolifération avec cette invective: "Arrêtez vos salades". Pour les pesticides "tueurs d'abeilles", FNE détourne le code couleurs noir et jaune du film "Kill Bill" pour s'alarmer: "Kill Bees".
"Pour chacune de ces affiches, on est sur des messages que FNE porte depuis 40 ans. Avec le Grenelle de l'Environnement, on a obtenu des choses mais on a un peu l'impression qu'il y a un coup de mou, notamment depuis le dernier Salon de l'agriculture", souligne Benoît Hartmann. "On défend un système contre un autre, ce n'est pas une campagne contre une profession qui est elle-même victime de ce système", assure-t-il.
Des réactions multiples
Deux organisations représentant les filières porcine et viandes, s'estimant mises en cause, ont saisi la justice pour demander l'interdiction de certains visuels. Les décisions étaient attendues lundi. "Le ton change, ça surprend", convient Benoît Hartmann, porte-parole de FNE, fédération à la ligne modérée qui réservait jusqu'ici ses piques à son emblème: un hérisson.
La région Bretagne va également assigner en justice France Nature Environnement pour "atteinte à son image" avec le lancement d'une campagne d'affichage présentant notamment une plage recouverte d'algues vertes. "Le conseil régional de Bretagne a décidé, au nom de la défense des intérêts des Bretons, d'assigner devant le tribunal de grande instance de Paris l'association, notamment pour atteinte à son image", a indiqué son président, Jean-Yves Le Drian (PS), dans un communiqué. La région reproche à l'association de présenter "la première région agricole de France comme source de pollution et de mise en danger d'autrui", précise M. Le Drian.
"Il y a d'autres façons d'ouvrir le dialogue que de taper toujours sur la tête des mêmes", a regretté Inaporc, l'interprofession nationale porcine, qui a demandé l'interdiction des deux visuels sur les algues vertes.
L'association interprofessionnelle du bétail et des viandes s'élève contre une affiche présentant du boeuf estampillé "100% naturel" surmonté de l'accusation "Gros menteur" visant à rappeler, selon FNE, que "la loi n'impose pas l'étiquetage des viandes issues d'animaux nourris aux OGM". "On a une position plutôt favorable à un tel étiquetage", a fait valoir Marc Pagès, responsable du secteur bovins. La FNSEA, elle, choisit "l'ignorance", même si M. Beulin, dans son courrier, exprime son "dégoût" face à "une campagne parisienne de dénigrement", assurant avoir "depuis longtemps choisi de dialoguer avec les ONG environnementales".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.