"Booking contrôle autour de 70% du marché" : en Espagne, les hôtels s'organisent face à la position dominante de la plateforme

La plateforme de réservation d'hôtel Booking a été sanctionnée d'une amende de 413 millions d'euros pour abus de position dominante en Espagne. Les hôtels espagnols se mobilisent désormais pour tenter d’obtenir des dommages et intérêts.
Article rédigé par Mathieu de Taillac
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Un employé de Booking.com, portant un t-shirt de l'entreprise, le 4 octobre 2019. (DENIS CHARLET / AFP)

Booking, le géant des réservations d'hôtels et de logements de vacances, a été sanctionné en Espagne d'une amende record de 413,2 millions d'euros. Cette sanction, la plus élevée que la commission espagnole de la concurrence ait imposée jusque-là, a été prise pour condamner pour abus de position dominante. Booking a ainsi profité de son hégémonie pour imposer à ses clients, les hôtels, des pratiques abusives, par exemple pour leur interdire de vendre leurs chambres moins chères sur leurs sites que sur celui de la plateforme.

La "peur" des hôteliers face à la "force" de Booking

Forts de cette conclusion de la Commission espagnole des marchés et de la concurrence, les hôtels veulent désormais réclamer des dommages et intérêts à Booking pour récupérer le manque à gagner. Les entreprises potentiellement touchées sont nombreuses. "Il y a plus de 12 000 hôtels en Espagne, et Booking contrôle autour de 70% du marché, explique David Fernández, directeur général d'Eskariam, cabinet d'avocat qui conseille l'Association espagnole des directeurs d'hôtels. De grandes chaînes hôtelières se mettent en contact avec nous, ainsi que des hôtels indépendants qui sont ceux qui ont été le plus touchés par ces pratiques."

Pourtant, il est difficile d'obtenir des témoignages d'un patron d'hôtel. "Face à une entreprise de la taille, de la force et du pouvoir de Booking, logiquement les hôtels touchés ont peur", affirme David Fernández. Les professionnels craignent notamment des représailles de celui qui remplit l'essentiel de leurs chambres. Une crainte "compréhensible", mais "infondée", disent les avocats, car c'est précisément en ce moment que la multinationale néerlandaise est surveillée de près par les autorités publiques.

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