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Espagne : ce qu'il faut retenir de la victoire de la droite aux élections locales, qui a accéléré l'organisation de législatives anticipées

La victoire de la droite, bien que prévue par les sondages, a été plus importante que prévu. Contraint de réagir, le Premier ministre a convoqué des élections anticipées le 23 juillet.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, à Madrid (Espagne), le 16 mai 2023, lors d'un meeting en amont des élections locales. (JAVIER LIZON / EFE / MAXPPP)

C'est ce que l'on appelle un coup de semonce. Le Parti socialiste du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a subi une importante défaite lors d'élections locales – régionale et municipale – dimanche 28 mai. Son rival, le chef du Parti populaire (PP, droite), Alberto Núñez Feijóo ne s'y est pas trompé en annonçant immédiatement "un nouveau cycle politique". Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a perdu le contrôle de plusieurs régions et villes du pays.

Conséquence immédiate de la défaite : Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 2018, a annoncé lundi la convocation d'élections législatives anticipées, le 23 juillet. Ces dernières devaient initialement se tenir à la fin de l'année, à une date qui n'avait pas encore été fixée. Franceinfo vous résume les principaux enseignements de la soirée électorale.

Une vague bleue d'une ampleur inattendue

Les sondages annonçaient tous une victoire de la droite à ce double scrutin, qui se tenait dans 12 régions autonomes (sur 17) et toutes les villes du pays, mais personne ne s'attendait à ce que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) subisse un tel revers. Le Parti populaire (PP), qui avait fait de ces élections locales un référendum national sur la politique de Pedro Sanchez, a pratiquement atteint tous ses objectifs. Il a d'abord recueilli le plus grand nombre de voix aux municipales – plus de 7 millions (31,5%) – soit quelque deux millions de plus qu'il y a quatre ans, contre moins de 6,3 millions (28,1%) pour le PSOE, et a réussi à se maintenir dans de nombreuses grandes villes, dont la capitale Madrid, rapporte El País (en espagnol).

Surtout, il a conquis au moins six des 10 régions jusqu'alors dirigées (directement ou au sein d'une coalition) par le PSOE : la Communauté valencienne, quatrième du pays par la population, l'Aragon, l'Estrémadure, les Baléares, la Cantabrie et la Rioja. Le parti de droite a notamment bénéficié de l'écroulement du parti de centre-droite Ciudadanos, "dont il est parvenu à absorber la quasi-totalité de l'électorat", résume sur Twitter Antoine de Laporte, spécialiste de l'Espagne à la Fondation Jean-Jaurès. Le résultat est une bonne nouvelle pour le chef du PP Alberto Núñez Feijóo, qui vivait son premier test électoral.

Un avertissement pour le Premier ministre socialiste

Le double scrutin de dimanche était considéré comme une répétition générale avant les élections législatives, désormais prévues le 23 juillet. Si le nom de Pedro Sanchez ne figurait dimanche sur aucun bulletin, pas plus que celui d'Alberto Núñez Feijóo, l'enjeu était très important pour les deux hommes. Malgré la bonne santé de l'économie espagnole, "l'inflation", ainsi que "les hauts et les bas" de la coalition entre les socialistes et la gauche radicale au pouvoir, ont influencé le choix des électeurs, résume Antoine de Laporte. 

Les résultats décevants ont probablement poussé le Premier ministre à annoncer, lundi, la convocation surprise de législatives anticipées le 23 juillet. "Il faut que les Espagnols clarifient les politiques qui doivent être mises en œuvre et les forces qui doivent les implémenter", a expliqué le chef de gouvernement lors d'une brève allocution. En moyenne, selon Politico (en anglais), les sondages donnent pour l'instant une large avance au PP avec 31% des intentions de vote, suivi par le PSOE à 25% et Vox à 13%. Le résultat et la stratégie de la gauche radicale, très divisée, seront des éléments clés pour une reconduction de Pedro Sanchez pour un troisième mandat après une campagne express.

La poussée du parti d'extrême droite Vox 

C'est le revers de la médaille pour le PP.  Dans la plupart de ces régions, il aura besoin du soutien de Vox pour gouverner. Ce parti d'extrême droite, en récoltant plus de 7% des voix, a ainsi doublé son score aux élections municipales comparé au scrutin de 2019 et a désormais une présence dans tous les Parlements régionaux du pays, rappelle Politico (en anglais). Vox, avec lequel le PP gouverne déjà en Castille-et-León, s'annonce comme un partenaire aussi incontournable qu'encombrant pour le PP, alors que celui-ci essaie de projeter une image plus modérée. 

Une soirée "désastreuse" pour la gauche radicale

Le parti de gauche radicale Unidas Podemos (UP), qui fait partie de la coalition de Pedro Sanchez, est l'autre grand perdant de la soirée. Le parti se place ainsi sous la barre des 5% à Madrid et à Valence. "C'est un désastre", a ainsi commenté lundi l'ancien secrétaire général du parti Pablo Iglesias, rapporte El País. Un sentiment partagé par Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ispos France, sur Twitter : "Pour Unidas Podemos, ce scrutin est vraiment une catastrophe." Le parti "est de plus en plus perçu comme un facteur de divisions et de blocage par son électorat naturel", souligne le spécialiste.

Pour se relancer dans la course, Podemos ne pourrait avoir d'autre choix que de s'allier avec Sumar, le nouveau mouvement de la ministre du Travail Yolanda Díaz, qui cherche à fédérer les forces de gauche en amont des élections législatives. "Il est temps de se remettre au travail", a assuré sur Twitter Ione Belarra, la patronne de Podemos. Le temps presse pour la gauche radicale : il ne reste désormais que 55 jours avant l'élection.

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