: Reportage Inondations en Espagne : "Tout est détruit, je n'y crois pas"... Les habitants de Paiporta, coupée du monde, tentent de sauver ce qu'ils peuvent
La ville de Paiporta, 27 000 habitants dans la banlieue de Valence, est l’épicentre de la tragédie qui a frappé le sud-est de l'Espagne dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 octobre. C'est là qu'ont été retrouvées 40 des 95 victimes des inondations meurtrières, alors que l'équivalent d'une année de pluie s'est abattu sur la zone en quelques heures.
Des habitants sans eau ni électricité
La crue a laissé la place à des carcasses de voitures enchevêtrées, des arbres arrachés, des pylônes et des câbles renversés par terre. Et à la boue, qui recouvre chaque mètre carré de la ville. Tandis que les secouristes en tenue orange cherchent encore des disparus jeudi matin, des machines doivent venir déblayer la route pour permettre aux camions grues de retirer les véhicules et mettre fin à l’isolement de Paiporta.
Car la ville est coupée du monde depuis mardi et pour y accéder, il faut marcher une bonne demi-heure à pied. Salvador fait le chemin pour venir prêter main forte à son frère, car "son garage est inondé", explique-t-il.
"Il y a un mètre d’eau avec de la boue partout. Dans la rue, les voitures sont les unes contre les autres. Tout est détruit. C’est fou. J’ai beau voir ça sous mes yeux, je n’y crois pas."
Salvador, habitant de Paiportaà franceinfo
Maria, une habitante, a passé toute la journée à essayer d’évacuer l’eau de sa maison, car "le rez-de-chaussée et le garage sont complètement inondés". "On essaye de retirer la boue. On a déblayé le trottoir pour pouvoir passer. On n’a pas d’eau, pas d’électricité. Mais bon, il faut continuer, on n’a pas le choix !", lance-t-elle.
Salvador Torres, un autre habitant, a dû sortir toutes ses affaires sur le trottoir. Il est encore sonné par la violence de l'inondation : " Je me suis senti tellement impuissant (…) La rue, ce n’était que de l’eau, qui montait, qui montait, ma voiture elle était là, juste devant. L’eau l’a soulevée et l’a transportée à l’autre bout de la rue".
Après le choc, la colère contre le système d'alerte
Marc Sola ne reconnait plus son quartier, et l'une des rues qui était "tellement passante" d'habitude, où il y a "toujours des voitures, des gens qui vont travailler, qui font leurs courses". "Il n’en reste plus rien, il y a juste de la boue partout depuis ce qui s’est passé", constate-t-il. Tous les commerces sont vides, la puissance de l’eau a tout emporté.
Alejandra a décidé de quitter la ville, ses deux filles dans les bras, ayant du mal à se remettre d'un "choc total". Mais, "le plus important, c’est que mes filles et moi, on soit ensemble et que tout le monde aille bien", dit-elle, avant de rejoindre voir sa famille.
Beaucoup d'habitants sont sous le choc, mais beaucoup sont en colère également. Mardi, les alertes sur les téléphones portables ont été envoyées beaucoup trop tard, estime Diego. "L’alarme a sonné sur mon portable quand on ne pouvait déjà plus rien faire", regrette-t-il.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.