Cet article date de plus de huit ans.

Pedro Sanchez, futur Premier ministre d’Espagne ?

Propulsé à la tête du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) il y a moins de deux ans, Pedro Sanchez a rajeuni les cadres du parti. Il n’a pas gagné les législatives du 20 décembre 2015 qui ont abouti à l’absence de majorité. C’est pourtant à son tour de chercher à former un gouvernement.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le 2 février 2016 à Madrid, Pedro Sanchez annonce qu'il a accepté de former un gouvernement. (AFP)

El Guapo, le beau gosse. Le surnom de Pedro Sanchez aurait pu lui porter préjudice. En politique, sourire d’ange et regard de velours, sont souvent suspects de démagogie. Et pourtant, entré en politique sur le tard, à 43 ans, Pedro Sanchez a réussi à se hisser à la première marche du Parti socialiste pour, bientôt peut-être, atteindre le sommet du pouvoir.
 
Fils de militants du PSOE, il naît le 29 février 1972 dans une famille aisée de Madrid. Il ne prend sa carte qu’à la fin de ses études. License d’économie à Madrid, puis master en politique économique de l’Union européenne obtenu à Bruxelles, la tête est non seulement bien faite, elle est aussi bien pleine… Etudes achevées, il découvre le Parlement européen comme assistant de l’eurodéputée espagnole Barbara Duhrkop, puis il deviendra permanent du parti. 
 
En 2003, notre homme n’est pas encore situé très haut dans la hiérarchie du PSOE. Placé sur les listes pour faire le nombre, il va bénéficier par deux fois des démissions des élus, d’abord au Conseil municipal de Madrid, puis aux élections législatives de 2008 pour obtenir ses premiers mandats électifs.
 
Une troisième fois encore, aux législatives anticipées de 2011, il n’est pas en position d’éligibilité (11e sur 10), preuve que le parti ne compte pas trop sur lui pour rameuter les électeurs. Et c’est pourtant lui qui va, sans coup férir, atteindre le sommet du parti, trois ans plus tard.

 
Pedro Sanchez a pris les rênes du PSOE au terme d’une consultation interne où les militants ont pu, pour la première fois dans l’histoire de la formation, élire directement leur secrétaire général. Le 13 juillet 2014, il a coiffé au poteau le chef de file des députés au Congrès, Eduardo Madina, avec 48,5% des suffrages contre 36%, Une fois élu, il donne un sérieux coup de jeune au parti. Les deux tiers des dirigeants ont moins de 40 ans. Les collaborateurs sont nommés en fonction du poids de leur fédération.
 
Echec et ?
«Au soir des élections du 20 décembre 2015, certains donnaient Pedro Sanchez pour mort», écrit l’AFP, «notant le piètre résultat du PSOE, le pire de son histoire, avec cinq millions de voix, soit quelque 22% des suffrages seulement.»
Et pourtant, aujourd’hui, le voilà appelé par le roi à former un nouveau gouvernement, alors que les conservateurs du PP ont jeté l’éponge. Mission double pour Sanchez, qui doit également sauver sa formation de la montée en puissance du parti de gauche radicale Podemos.
 
La tâche n’est pas mince. L’AFP parle de «quadrature du cercle», tant il est difficile de former un gouvernement au milieu de partis qui ne veulent pas travailler ensemble. Podemos voulait bien participer, mais sans Ciudadanos, accusé de faire le jeu des conservateurs. Mais Pablo Iglesias propose une coalition à deux aux socialistes, jugée irrecevable. «Une faveur» vis-à-vis du PSOE qui venait de perdre les élections dixit Podemos qui réclame la moitié des portefeuilles et la vice-présidence.
 
Essayer de gouverner alors qu’on a perdu, tel est le paradoxe du multipartisme que l’Espagne découvre pour la première fois.
 
Pedro Sanchez se donne un mois de négociations avant de présenter son gouvernement à la confiance des députés.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.