Arrestation de Carles Puigdemont : le délégué du gouvernement de la Catalogne en France réclame sa "libération immédiate"
Selon Daniel Camós, l'arrestation de Carles Puigdemont relève de la "détention illégale".
"C'est une énorme surprise car c'est une détention illégale (...) Nous demandons sa libération immédiate", a déclaré vendredi 24 septembre sur franceinfo Daniel Camós, délégué du gouvernement de la Catalogne en France après l'arrestation de Carles Puigdemont. L'ex-président de la Catalogne a été arrêté jeudi soir en Sardaigne où il se rendait en tant qu'eurodéputé. L'ancien leader indépendantiste était en exil en Belgique depuis 2017. Il est poursuivi pour sédition et détournement de fonds publics et doit être présenté vendredi à la Cour d'appel de Sassari en Sardaigne qui doit décider de sa libération ou de son extradition vers l'Espagne.
franceinfo : Quelle est votre réaction à cette arrestation de Carles Puigdemont ?
Daniel Camós : C'est une énorme surprise car c'est une détention illégale. Carles Puidgemont est un député européen, il représente donc tous les citoyens de l'Union européenne y compris tous les citoyens de la République française et nous demandons - au nom du gouvernement catalan - sa libération immédiate. C'est important de rappeler qu'en tant que député européen, il bénéficie d'une immunité parlementaire. Elle avait été levée puis redonnée par le Cour de justice de l'UE. Au mois de juin, les autorités espagnoles avaient demandé des clarifications à la Cour de justice de l'UE et avait indiqué par écrit que cette demande entraînait la suspension des mandats d'arrêt contre monsieur Puigdemont. Donc l'engagement écrit des autorités espagnoles avec la justice européenne est en train de ne pas être respecté. Nous demandons également au président du Parlement européen, monsieur Sassoli, de jouer un rôle de médiateur. C'est son devoir de défendre le fait que tous les eurodéputés puissent exercer leur mandat. Là, on voit que la justice d'un Etat membre essaye d'entraver, à travers des astuces juridiques, l'exercice pour lequel un élu européen a été élu.
Carles Puigdemont est poursuivi pour sédition et détournement de fonds publics, redoutez-vous qu'il soit renvoyé vers l'Espagne ?
J'ai des raisons d'être relativement optimiste, notamment au vu de ce qu'il s'est déjà passé dans d'autres états européens. Je pense que la justice espagnole n'est pas à la hauteur des justices d'autres états de l'Union. On a déjà vu cela dans le passé. Je fais pleinement confiance aux autorités italiennes pour qu'elles arrivent à la même conclusion que les autorités belge, allemande ou encore écossaise. Au mois de juin, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe - qui réunit 47 Etats et qui inclut un certain nombre de députés et de sénateurs français - a demandé explicitement aux autorités espagnoles d'arrêter toutes poursuites contre les leaders catalans partis en exil en 2017. Cela inclut le cas de monsieur Puidgemont. Je dois donc rester confiant sur le fait qu'il va être relâché dans les prochaines heures ou dans les prochains jours.
Cette arrestation survient une semaine après la reprise des négociations entre le gouvernement espagnol et l'exécutif régional catalan dont l'objectif est de trouver une issue à cette crise politique en catalogne. Les divergences sont-elles toujours aussi profondes aujourd'hui ?
Nous avons toujours dit que c'est un conflit politique qui doit se résoudre autour d'une table de négociations et à travers la parole, l'empathie, l'écoute et in fine à travers le vote des citoyens. Ce que nous voyons aujourd'hui avec ce geste, c'est que d'un côté le président Pedro Sanchez dit qu'il souhaite négocier, alors que de l'autre côté, toute la politique de judiciarisation et de répression de tout mouvement qui ne souhaite pas nécessairement l'unité de l'Espagne, est toujours d'actualité. C'est une source de préoccupation parce que cela indique de façon assez claire que monsieur Sanchez n'est pas vraiment sincère et constructif quand il dit qu'il veut négocier pour trouver une solution politique. Je ne suis pas en mesure de vous dire si les négociations sont au point mort mais dans tout conflit politique à travers le monde, nous savons que les négociations qui arrivent à bon port sont celles où il y a une bonne volonté et des gestes qui essayent d'accompagner tout ceci.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.