Comment la NSA a enfreint le respect de la vie privée des milliers de fois
Selon le "Washington Post", l'agence de sécurité américaine a outrepassé ses prérogatives à des milliers de reprises chaque année, depuis 2008.
La révélation entache encore un peu plus sa réputation. L'Agence nationale de la sécurité américaine, la NSA, déjà éprouvée par le scandale Snowden, a enfreint les règles protégeant la vie privée à des milliers de reprises chaque année depuis 2008, rapporte, jeudi 15 août, le Washington Post (en anglais). Francetv info vous raconte comment.
Des pratiques de grande ampleur
Le quotidien américain s’appuie sur des documents confidentiels transmis par Edward Snowden. Il cite notamment un audit de la NSA datant de mai 2012 recensant 2 776 incidents relatifs à des communications juridiquement protégées au cours des 12 mois précédents. Cela va de l'erreur typographique ayant entraîné des interceptions involontaires de courriels ou de conversations téléphoniques aux Etats-Unis à l'infraction grave à la loi.
Il n’y a pas de "méthode fiable" pour calculer le nombre de citoyens qui ont été touchés par ces pratiques, précise le journal. Mais à titre d'exemple, un simple incident, en février 2012, portait sur plus de 3 000 fichiers. Plus inquiétant, selon des responsables gouvernementaux s’exprimant anonymement, le nombre d’incidents serait encore plus élevé si les centres régionaux étaient pris en compte dans l'audit et non pas uniquement les bureaux de Washington. L'un des incidents les plus sérieux révélé par ce document est notamment le détournement d'importants volumes de données internationales transitant par des câbles de fibre optique sur le territoire américain.
Des incidents fortuits
La plupart de ces incidents ne seraient pas intentionnels. "Nous sommes une agence conduite par des humains et agissant dans un environnement complexe avec un grand nombre de régimes de régulation différents, c'est pourquoi nous nous retrouvons parfois du mauvais côté de la barrière", se défend un haut responsable de la NSA s'exprimant sous anonymat, auprès du Washington Post.
Ainsi, en 2008, un "grand nombre" d'appels téléphoniques en provenance de Washington ont été surveillés après une erreur de programmation qui a interverti le préfixe de la zone de la capitale américaine (202) avec celui de l'Egypte (20). L'erreur n'a pas été révélée par ses auteurs à l'équipe chargée de la surveillance à l'intérieur de la NSA, indique l'article.
Opérations de camouflage
Si la majorité des erreurs sont fortuites, les pratiques de la NSA visant à les dissimuler sont, elles, bien intentionnelles. Par exemple, selon un document révélé par le journal américain, ses employés ont reçu l’ordre de falsifier des rapports à destination du département de la Justice et du bureau du directeur du Renseignement national. On leur demandait de remplacer des détails recueillis lors d’interception de communications par des termes plus généraux.
La NSA utilise le terme "accidentel" pour qualifier le balayage de fichiers de citoyens lambda alors qu’elle vise des terroristes. Les guides à destination de ses employés précisent que ces incidents "ne constituent pas une violation (de la loi)" et "n’ont pas à être reportés" à l’inspecteur général de la NSA, qui envoie des rapports trimestriels au Congrès.
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