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Espionnage : Paris veut suspendre les négociations commerciales avec les Etats-Unis, l'UE réticente

La porte-parole du gouvernement français évoque une "suspension temporaire" en attendant de plus amples informations sur le supposé espionnage américain d'ambassades françaises.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, et le président François Hollande, à la sortie du Conseil des ministres, le 3 juillet 2013, à Paris. (FRED DUFOUR / AFP)

Les révélations en cascade sur le supposé espionnage américain de nombreux pays européens déplaisent à la France. En réaction, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé, mercredi 3 juillet, que Paris était favorable à une "suspension temporaire" des négociations commerciales qui doivent s'engager entre Washington et l'Union européenne le 8 juillet.

"Il ne s'agit pas d'arrêter les négociations sur l'accord de libre-échange, mais, en effet, il nous paraît sage de les suspendre temporairement, pour une durée de quinze jours sans doute, pour éviter toute polémique et le temps d'obtenir les informations demandées", a précisé Najat Vallaud-Belkacem.

Que contient cet accord de libre-échange ?

Cet accord devrait permettre de favoriser le commerce entre l'Union européenne et les Etats-Unis en baissant les droits de douane et en ouvrant des marchés aux entreprises implantées des deux côtés de l'Atlantique. L'objectif est de créer un grand marché transatlantique, "le plus important au monde". Pour Barack Obama, il est destiné à soutenir "des millions d'emplois américains bien payés". Le président américain avait annoncé la réouverture des négociations lors de son traditionnel discours sur l'état de l'Union, début 2013.

Quels sont les enjeux ?

Ils sont nombreux. Or, l'Europe n'a pas la capacité de se disputer avec les Etats-Unis, car "il s'agit de notre premier partenaire commercial", comme l'expliquait mardi Thomas Snégaroff, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste des Etats-Unis, à francetv info.

L'Europe et les Etats-Unis font aussi front commun face au terrorisme, et sont alliés militairement au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord (Otan). Les raisons de maintenir de bonnes relations sont donc nombreuses.

Quelle est la position des pays européens et des institutions de l'UE ?

Tout le monde ne partage pas l'avis de François Hollande. Le chef d'Etat a plaidé pour "une position coordonnée commune de l'Europe par rapport aux exigences que nous avons à formuler et aux explications que nous avons à demander" aux Etats-Unis.

Mais mercredi, au moment où Najat Vallaud-Belkacem annonçait la position de Paris, le porte-parole de la Chancellerie allemande a affirmé qu'Angela Merkel soutenait pour sa part le démarrage des négociations, même si son pays aurait aussi été visé. "Nous voulons cet accord de libre-échange et nous voulons aussi démarrer maintenant les négociations", a déclaré le porte-parole Steffen Seibert.

La Commission européenne avait estimé, mardi, que cette affaire ne devait pas retarder le début des négociations pour l'accord de libre-échange transatlantique. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a prôné la retenue. "Il faut avoir toutes les informations avant de lancer des accusations", a-t-il recommandé, mardi, devant le Parlement européen.

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