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Edward Snowden, toujours invisible, aurait déja quitté Moscou

L'Equateur attend de la Russie qu'elle prenne une décision conforme à ses lois concernant le sort de l'ex-agent de la CIA.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le vol SU 150 à destination de La Havane (Cuba) à bord duquel devait prendre place Edward Snowden, lundi 24 juin, à Moscou (Russie). (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

L'ex-consultant de la CIA Edward Snowden, accusé d'espionnage par Washington qui en demande l'extradition, a sans doute déjà quitté la Russie. C'est ce qu'affirme une source proche du dossier citée lundi 24 juin par l'agence russe Interfax. Alors que Snowden était invisible depuis son arrivée annoncée dimanche à Moscou, les Etats-Unis ont menacé la Russie de représailles pour avoir refusé de lui livrer le fugitif qui a demandé l'asile politique à l'Equateur.

"L'Equateur a fait savoir qu'il était en train d'examiner la demande d'asile de M. Snowden afin que le gouvernement de Russie prenne la décision jugée conforme à ses lois et aux normes internationales", a annoncé lundi son ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño.

Le vol SU 150 devait emmener l'un des fugitifs les plus recherchés du monde de Moscou vers La Havane. Il a décollé sans lui, lundi à 12h05, heure de Paris. "Il n'a pas pris ce vol", a confirmé une source de la compagnie aérienne russe Aeroflot. L'ex-consultant de la CIA Edward Snowden, accusé d'espionnage par Washington, devait prendre un vol pour Cuba avec pour destination finale l'Equateur. Mais aucun des journalistes présents à bord n'a vu l'homme qui a révélé le scandale de l'espionnage des communications par les Américains. Une absence confirmée par Aeroflot. 

Il encourt 30 ans de réclusion aux Etats-Unis

"Edward Snowden a probablement déjà quitté la Russie. Il a pu décoller à bord d'un autre vol. Il est peu probable que les journalistes aient été témoins de son décollage", a dit la source citée par l'agence Interfax. Une autre source au sein des services de sécurité de l'aéroport a en revanche affirmé à l'agence officielle Itar-Tass que Snowden se trouvait encore dans la zone de transit de l'aéroport Moscou-Cheremetievo.

Snowden était arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong, d'où il avait publié ses révélations fracassantes sur la surveillance opérée par les agences américaines. Il s'était réfugié à Hong Kong le 20 mai après avoir quitté son domicile de Hawaï. Il semblait se trouver dans la nuit de dimanche à lundi dans la zone de transit de l'aéroport, où il y a un hôtel. Cependant, des journalistes de l'AFP sur place ne l'ont pas vu non plus. Dimanche soir, le site WikiLeaks fondé par Julian Assange avait annoncé que Snowden était "en route pour la République d'Equateur par un chemin sûr afin d'obtenir l'asile".

Inculpé notamment d'espionnage, Edward Snowden encourt 30 ans de réclusion aux Etats-Unis. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a menacé lundi la Chine et la Russie de conséquences sur leurs relations en jugeant "très décevant" le fait que l'ancien consultant de la CIA ait pu voyager de Hong Kong vers Moscou. Snowden a "trahi son pays", a affirmé le chef de la diplomatie américaine, en visite en Inde.

"Snowden n'a pas commis de crime sur le territoire russe"

Washington avait pressé lundi matin Moscou de l'expulser pour qu'il réponde des charges contre lui, invoquant la coopération entre les deux pays. "Compte tenu de cette coopération (...) nous espérons que le gouvernement russe va étudier toutes les options possibles pour expulser M. Snowden vers les Etats-Unis afin qu'il réponde devant la justice des charges pesant contre lui", a déclaré le porte-parole de la Sécurité nationale, Caitlin Hayden. Washington a annulé le passeport du jeune homme pour l'empêcher de voyager, mais une source policière russe citée par l'agence Interfax avait toutefois estimé dimanche que l'Equateur pouvait lui délivrer un document de substitution.

Selon une "source informée" citée par l'agence russe Interfax, la Russie ne dispose pas de motifs pour arrêter et extrader Snowden qui a publié des informations explosives sur la surveillance électronique américaine. "Edward Snowden n'a pas commis de crime sur le territoire russe. Les services de sécurité russes n'ont pas été chargés par Interpol de l'arrêter. Il n'y a donc pas de motif pour arrêter ce passager en transit", a déclaré cette source.

L'expert militaire Pavel Felgenhauer, interrogé par l'AFP, a souligné que la Russie n'avait pas d'accord d'extradition avec les Etats-Unis. "Je n'ai aucune information sur Snowden", s'est pour sa part contenté de déclarer lundi le porte-parole du Kremlin. L'Equateur a précédemment accordé l'asile à Julian Assange, lui-même recherché par les Etats-Unis pour avoir publié en 2010 des centaines de milliers de documents diplomatiques confidentiels. Julian Assange, réfugié depuis un an à l'ambassade de l'Equateur à Londres pour échapper à une extradition, a apporté un soutien appuyé à Edward Snowden. La justice américaine a indiqué de son côté qu'elle mènerait "la coopération policière adéquate" avec les pays où Snowden pourrait se rendre. "La chasse est lancée", a déclaré sur la chaîne CBS Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain.

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