Grèce, NSA, Libye : ce qu'il faut retenir de l'interview de Nicolas Sarkozy au "Monde"
Outre les écoutes de la NSA, l'ancien président de la République s'est exprimé sur la crise grecque.
Grèce, Moyen-Orient, espionnage américain... Nicolas Sarkozy a accordé, mercredi 1er juillet, une interview au Monde (article payant), dans laquelle il revient sur un grand nombre de sujets internationaux, politiques, militaires et économiques. En pleine crise de la dette grecque, Nicolas Sarkozy réaffirme notamment son soutien à l'Union européenne et son opposition à la sortie de la Grèce de la zone euro. Voici ses principales déclarations.
Sur la crise en Grèce
Nicolas Sarkozy accuse le gouvernement grec de déstabiliser l'Union européenne, en bloquant les négociations. Tout en reconnaissant à Alexis Tsipras le droit de consulter la nation grecque sur la crise que traverse le pays, il oppose la "raison" de l'UE à "l'irresponsabilité" du Premier ministre grec. "L’Europe ne peut pas céder devant un gouvernement dans lequel figurent l’extrême gauche et l’extrême droite", martèle l'ex-président français, qui propose de "convoquer un conseil des 18 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro" pour "protéger la stabilité de la zone euro et faire en sorte que les marchés n’attaquent pas un prochain maillon faible".
Interrogé sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, le président des Républicains tient à prendre ses distances avec François Hollande. "Qui peut penser qu’il n’y a pas de risque pour l’économie française (...) ? Je ne partage pas l’avis de M. Hollande sur l’idée que la crise grecque serait sans conséquence pour l’Europe."
Pour esquisser une sortie de crise, Nicolas Sarkozy propose "d'élire un président du gouvernement économique européen dont la mission sera d’harmoniser les économies européennes (...), en transformant le mécanisme européen de stabilité en fonds monétaire européen capable de prendre des initiatives par lui-même, car il est un peu désolant de voir l’Europe à la traîne du FMI."
Sur la Libye et l'immigration clandestine
Il y a quatre ans, sous l'impulsion de la France, Mouammar Kadhafi était chassé du pouvoir et un nouvel exécutif était élu par le peuple. Mais depuis, le pays a sombré dans la guerre civile. Nicolas Sarkozy se sent-il responsable de la situation actuelle ? "En juillet 2012, quand je quitte le pouvoir, la Libye est libérée et les modérés sont au pouvoir, juge-t-il. A partir de ce moment et, de façon incompréhensible, la communauté internationale, y compris la France, s’est désintéressée de la situation et le chaos s’est installé."
Le chaos en Libye favorise l'arrivée de migrants en Europe. Sur ce point, Nicolas Sarkozy rappelle son opposition à l'instauration de quotas sur le sol européen, et se dit favorable à des opérations militaires contre les passeurs, "des nouveaux esclavagistes". "L’immigration n’a pas commencé avec la chute de Mouammar Kadhafi. Est-ce que je regrette cette intervention ? La réponse est 'non'", balaie-t-il.
Sur la lutte contre l'Etat islamique
Face au chaos en Irak et en Syrie, où le groupe Etat islamique continue de gagner du terrain, Nicolas Sarkozy se montre ouvert à un renforcement de l'intervention militaire. "A partir du moment où on l’on a pris la bonne décision de faire la guerre à Daech, il faut s’en donner tous les moyens et mener un combat sans merci. Si des experts au sol sont nécessaires pour renforcer l’efficacité des frappes aériennes, nous aurions bien tort de ne pas le faire."
Pas question pour autant de s'allier avec le président syrien pour lutter contre l'Etat islamique, selon l'ancien chef de l'Etat. "Il faut discuter avec Bachar Al-Assad d’un seul sujet : les conditions de son départ, assure-t-il. Par ailleurs, je ne voudrais pas que l’on recommence avec la Syrie l’erreur qui a été commise avec l’Irak quand la communauté internationale a refusé de réintégrer les soutiens de Saddam Hussein. Il faudra un jour dialoguer et réintégrer certains dirigeants du parti Baas", celui de Bachar Al-Assad.
Sur les écoutes de la NSA
Enfin, Nicolas Sarkozy réagit aux révélations de WikiLeaks sur les écoutes de l'Agence de renseignement américaine (NSA) lorsqu'il était président. "C'est inacceptable. Je me doutais qu'il y avait des écoutes, mais je n'imaginais pas qu'elles pouvaient viser des responsables politiques personnellement." La réaction de Barack Obama a-t-elle été à la hauteur ? lui demandent les journalistes. "Quelle réaction a-t-il eue ?" répond-il laconiquement.
Il en profite aussi pour faire une allusion aux écoutes judiciaires dont il a également fait l'objet, et aux enregistrements clandestins de son ex-conseiller officieux, Patrick Buisson. "Avec le recul, je me demande qui ne m'écoutait pas."
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