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Allemagne: Die Linke, un parti encore un peu gauche
On a beaucoup parlé des résultats de la CDU-CSU d’Angela Merkel, du FDP, du SPD et des verts. Mais qu’en est-il du parti Die Linke (la Gauche), lequel se veut la gauche de la gauche en Allemagne, à l’instar du parti de Jean-Luc Mélanchon en France? Comme les verts et les sociaux-démocrates, lui aussi a laissé des plumes dans le scrutin du 22 septembre 2013.
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«Pour Die Linke, c’est un évènement historique : le fait que nous soyons devenus la troisième force politique en Allemagne marque une victoire, celle de l’acceptation de notre parti, ce qui semblait impensable en 1990», lors de la réunification allemande, explique le président de son groupe au Bundestag, Gregor Gysi.
Au niveau mathématique, l’ancien avocat est-allemand a raison : à l’issue des élections, avec 64 sièges, Die Linke arrive en troisième position derrière la CDU-CSU d’Angela Merkel (311 sièges) et les sociaux-démocrates du SPD (192). Mais l’enthousiasme de Gregor Gysi masque le fait que sa formation perd 12 sièges par rapport au scrutin de 2009... Au niveau fédéral, celle-ci avait alors réalisé un score de 11,9%, contre 8,6% en 2013. Le scrutin du 22 septembre marque donc un essoufflement qui touche toute la gauche, SPD et verts.
Dans le même temps, les résultats de Die Linke dans chaque Land continuent à montrer une très nette division régionale: dans les Länder orientaux, issus de la fin de l’ex-RDA (Berlin, Brandebourg, Mecklenbourg-Vorpommern, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe), le parti réalise des scores dépassant 20%, frôlant même les 25% en Saxe-Anhalt et en Thuringe. Par contre, dans les Länder de l’ex-Allemagne de l’Ouest, il ne réalise aucun résultat supérieur à 10%. Il ne réussit à franchir la barre de 5% (nécessaire pour entrer au Bundestag) que dans six ou sept Länder. Une imprécision liée au fait que les chiffres ne sont pas encore tout à fait définitifs.
Quoi qu’il en soit, cette coupure est évidemment un héritage de l’histoire. Die Linke est née en 2007, de la fusion de l’ex-Parti du socialisme démocratique (PDS), héritier du PC est-allemand, et d’une formation de sociaux-démocrates déçus par l’évolution du SPD. Il a donc plus que des accointances avec l’ex-Parti-Etat de la dictature stalinienne, le SED. Le passé de Gregor Gysi est d’ailleurs controversé : il est ainsi soupçonné d’avoir travaillé avec la Stasi, la redoutable police politique de la RDA (que l’on voit à l’œuvre dans le beau film de Florian Henckel von Donnersmarck, La Vie des autres). Les résultats de Die Linke à l’est de l’Allemagne montrent qu’il y bénéficie encore d’une véritable assise populaire.
Victoire ou défaite ?
Mais son scrutin à l’ouest, où pendant la Guerre froide, la RDA faisait figure d’épouvantail, montre qu’un parti proche des communistes y suscite toujours de la méfiance. Alors quand Gregor Gysi lui-même estime que le score de sa formation «marque une victoire, celle de l’acceptation de notre parti», on peut se dire qu’il y a encore du chemin à faire… «L’ex-RFA était le pays qui, entre tous ceux d’Europe, a été le plus militant dans l’anticommunisme. Que nous y ayons atteint 8,6% aux dernières élections relevait presque du miracle !», expliquait-il, juste avant les élections, dans une interview au journal français L’Humanité. Et d’ajouter : «A l’Est, c’est différent : la population, qui a vécu d’autres expériences, nous fait davantage confiance». «D’autres expériences» : c'est-à-dire un autre régime politique que celui de la partie occidentale de l’Allemagne.
Toujours est-il que la méfiance ne semble pas avoir complètement disparu. Malgré les appels du pied de Die Linke, le SPD a ainsi catégoriquement exclu toute alliance avec la gauche de la gauche allemande. Pourtant, sur le papier, aux dires des résultats provisoires, les scores cumulés de cette dernière, du SPD et des verts atteignent 319 sièges au Bundestag, contre 311 à la CDU-CSU. Mais au-delà des divergences politiques très importantes entre la formation de Gregor Gysi d’un côté, sociaux-démocrates et verts de l’autre, le premier ne fait pas figure de parti comme les autres. En clair, l’héritage de l’histoire n’est pas encore tout à fait soldé…
Au niveau mathématique, l’ancien avocat est-allemand a raison : à l’issue des élections, avec 64 sièges, Die Linke arrive en troisième position derrière la CDU-CSU d’Angela Merkel (311 sièges) et les sociaux-démocrates du SPD (192). Mais l’enthousiasme de Gregor Gysi masque le fait que sa formation perd 12 sièges par rapport au scrutin de 2009... Au niveau fédéral, celle-ci avait alors réalisé un score de 11,9%, contre 8,6% en 2013. Le scrutin du 22 septembre marque donc un essoufflement qui touche toute la gauche, SPD et verts.
Dans le même temps, les résultats de Die Linke dans chaque Land continuent à montrer une très nette division régionale: dans les Länder orientaux, issus de la fin de l’ex-RDA (Berlin, Brandebourg, Mecklenbourg-Vorpommern, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe), le parti réalise des scores dépassant 20%, frôlant même les 25% en Saxe-Anhalt et en Thuringe. Par contre, dans les Länder de l’ex-Allemagne de l’Ouest, il ne réalise aucun résultat supérieur à 10%. Il ne réussit à franchir la barre de 5% (nécessaire pour entrer au Bundestag) que dans six ou sept Länder. Une imprécision liée au fait que les chiffres ne sont pas encore tout à fait définitifs.
Quoi qu’il en soit, cette coupure est évidemment un héritage de l’histoire. Die Linke est née en 2007, de la fusion de l’ex-Parti du socialisme démocratique (PDS), héritier du PC est-allemand, et d’une formation de sociaux-démocrates déçus par l’évolution du SPD. Il a donc plus que des accointances avec l’ex-Parti-Etat de la dictature stalinienne, le SED. Le passé de Gregor Gysi est d’ailleurs controversé : il est ainsi soupçonné d’avoir travaillé avec la Stasi, la redoutable police politique de la RDA (que l’on voit à l’œuvre dans le beau film de Florian Henckel von Donnersmarck, La Vie des autres). Les résultats de Die Linke à l’est de l’Allemagne montrent qu’il y bénéficie encore d’une véritable assise populaire.
Victoire ou défaite ?
Mais son scrutin à l’ouest, où pendant la Guerre froide, la RDA faisait figure d’épouvantail, montre qu’un parti proche des communistes y suscite toujours de la méfiance. Alors quand Gregor Gysi lui-même estime que le score de sa formation «marque une victoire, celle de l’acceptation de notre parti», on peut se dire qu’il y a encore du chemin à faire… «L’ex-RFA était le pays qui, entre tous ceux d’Europe, a été le plus militant dans l’anticommunisme. Que nous y ayons atteint 8,6% aux dernières élections relevait presque du miracle !», expliquait-il, juste avant les élections, dans une interview au journal français L’Humanité. Et d’ajouter : «A l’Est, c’est différent : la population, qui a vécu d’autres expériences, nous fait davantage confiance». «D’autres expériences» : c'est-à-dire un autre régime politique que celui de la partie occidentale de l’Allemagne.
Toujours est-il que la méfiance ne semble pas avoir complètement disparu. Malgré les appels du pied de Die Linke, le SPD a ainsi catégoriquement exclu toute alliance avec la gauche de la gauche allemande. Pourtant, sur le papier, aux dires des résultats provisoires, les scores cumulés de cette dernière, du SPD et des verts atteignent 319 sièges au Bundestag, contre 311 à la CDU-CSU. Mais au-delà des divergences politiques très importantes entre la formation de Gregor Gysi d’un côté, sociaux-démocrates et verts de l’autre, le premier ne fait pas figure de parti comme les autres. En clair, l’héritage de l’histoire n’est pas encore tout à fait soldé…
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