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Le massacre d'athlètes israéliens lors des Jeux de Munich en 1972

5 septembre 1972. Les JO battent leur plein à Munich en Bavière (Allemagne de l’Ouest). Soudain, le monde apprend avec stupeur que 11 athlètes israéliens ont été pris en otage par un commando palestinien. Le lendemain, 17 personnes, dont des otages et cinq Palestiniens, sont tués lors d’une fusillade sur l’aéroport militaire de Fürstenfeldbruck.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un membre du commando apparaissant sur le balcon du bâtiment de la délégation israélienne à Munich (5-9-1972) (AFP)

Pour les autorités de la République fédérale (l’Allemagne est alors divisée en deux entités : la RFA et la RDA), les Jeux olympiques sont un moyen de faire oublier les sinistres J.O. de Berlin en 1936, dans le cadre de la politique de détente entre le bloc de l’Est et les pays occidentaux. En 1936, les jeux furent une vitrine du régime nazi.

Pour cette raison, 36 ans plus tard, l’ambiance dans le village olympique de Munich se veut détendue. Et la sécurité y est relativement lâche. Le commando palestinien, qui appartient à l’organisation Septembre noir, réussit à s’introduire à l’aube dans le bâtiment du village  qui abrite la délégation israélienne. Un athlète est tué, un autre grièvement blessé. Le CIO annonce la suspension des Jeux.

Les Israéliens refusent de négocier
En échange de la libération des otages, les membres du commando exigent la libération et le transfert en Egypte de 234 prisonniers palestiniens détenus par l’Etat hébreu. Fidèle à sa politique de refuser tout chantage, la Première ministre israélienne Golda Meïr annonce qu’elle ne négociera pas. Elle propose l’envoi sur place d’une unité de forces spéciales.

Le traitement de la prise d'otages sur ABC News


ABC, 6-9-1972

Le gouvernement du chancelier Willy Brandt décline la proposition. Caractère fédéral de la RFA oblige, c’est la police bavaroise qui est chargée de dénouer l’affaire. Problème : celle-ci n’a pas l’expérience des affaires de terrorisme.

Improvisation
Les négociations s’engagent dans une certaine improvisation. Les responsables allemands proposent au commando de mettre à leur disposition un avion qui les emmènera vers le pays arabe de leur choix. La proposition est acceptée. Le soir du 5 juillet, les Palestiniens et leurs otages sont transférés à bord de trois hélicoptères jusqu’à l’aéroport militaire de Fürstenfeldbruck, à 30 km de Munich. Là, un Boeing est prêt à décoller.

Ordre est alors donné aux policiers de lancer l’assaut. Parmi eux, des tireurs d’élite qui ont surtout l'habitude de pratiquer le tir sportif. Se voyant cernés, les militants de Septembre noir lancent une grenade contre l’un des hélicoptères et tirent contre un autre appareil, tuant tous les otages. Cinq Palestiniens sont abattus.

Epave d'un hélicoptère après l'assaut donné contre le commando par la police bavaroise (6-9-1972) (AFP - DPA - Güttert)

«Barbarie inqualifiable»
Dans le monde entier, la condamnation est quasi-générale. La France parle d'un «acte de barbarie inqualifiable». Mais au-delà, le drame, fortement médiatisé, ramène le conflit du Proche-Orient et la situation des Palestiniens au premier rang de l'actualité. En Allemagne, une réforme de la lutte anti-terroriste va donner naissance à une unité spécialisée (le GSG9), qui va inspirer le GIGN en France et des structures similaires dans de nombreux autres pays.

Quant aux Jeux de Munich, ils se terminent «dans une ambiance étrange marquée par les tensions» entre les délégations arabes et le CIO, et par le départ précipité de plusieurs équipes. Comme à Berlin en 1936, la fête olympique aura été gâchée...

 

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