"Se mettre ensemble et résister" : les Berlinois manifestent contre la hausse des prix des loyers
Les manifestants, qui se sont donné rendez-vous samedi, demandent à la municipalité d'exproprier les grandes sociétés qui détiennent des logements privés.
Plusieurs manifestations sont organisées samedi 6 avril dans plusieurs grandes villes d'Allemagne, et notamment dans la capitale Berlin, pour dénoncer les expulsions locatives et les loyers de plus en plus élevés. Il faut dire qu'en 2013, la ville a cédé à un grand groupe immobilier privé pas loin de 65 000 logements, et petit à petit les charges ont commencé à grimper. À Berlin, une solution se profile grâce à la tenue probable d’un référendum local : les habitants seraient appelés à se prononcer pour ou contre la "remunicipalisation" de logements acquis par le privé.
Dans le collimateur des Berlinois, il y a ces grandes sociétés comme "Vonovia" ou "Deutsche Wohnen", qui sont propriétaires de plusieurs dizaines de milliers de logements. Elles sont notamment dans la ligne de mire de Rolanda, 69 ans, qui distribue des tracts pour la manifestation de samedi. Son loyer a augmenté et sa seule pension de retraite ne lui suffit plus pour vivre. Elle a dû reprendre un petit boulot. Cela fait déjà deux ans qu’elle et beaucoup d’autres se battent pour obtenir ce référendum pour chasser ces propriétaires. "Le titre de la campagne c'est 'exproprier les grandes sociétés' qui ont plus de 3 000 logements", explique-t-elle.
Crainte du retour du communisme
Au début, Rolanda se souvient que ça n’était pas si simple de convaincre les Berlinois. "C'est comme si c’était le communisme qui encore une fois s’approchait", raconte-t-elle. Car l’idée de faire revenir dans le giron municipal une grande partie de ces logements achetés par le privé a de quoi surprendre. Mais tout est devenu possible quand ces militants ont découvert un article de la Loi fondamentale (la Constitution) rédigée après-guerre. Au même titre que l’eau ou d’autres ressources naturelles exploitées par le privé, le logement peut redevenir un bien commun et cet article autorise la ville à exproprier ces grands groupes.
Sans attendre cette solution, Sandrine, une Française installée depuis 18 ans à Berlin, a réussi avec 28 autres locataires à faire fuir le nouveau propriétaire et le convaincre de céder l’immeuble à la ville. "Se mettre ensemble et résister ensemble, montrer qu'on est une majorité et qu'ils ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent parce qu'ils sont une minorité, c'est très important, assure-t-elle. Il y a des gens qui sont détruits, qui meurent à cause de cette spéculation."
Le chemin vers ce référendum s’annonce encore long, mais il n’effraie plus. Au contraire, la mobilisation est de plus en plus grande et la colère est si forte que les responsables politiques locaux se disent désormais ouverts à cette solution.
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