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André Glucksmann : défenseur infatigable des dissidents et des sans voix
Les hommages au philosophe André Glucksmann, incinéré le 13 novembre à Paris, sont arrivés de tous les coins de la planète où l’intellectuel à défendu les dissidents et les persécutés. Des anciens boat-people vietnamiens aux dissidents polonais et chinois. De la Bosnie à l’Ukraine en passant par la Tchétchénie, l’intellectuel français aura traversé les conflits du siècle, sans jamais se résigner.
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Après un égarement maoïste, commun à toute une génération de normaliens, le jeune philosophe va rapidement épouser les combats du siècle. «Quand j’étais petit, à la maison, il y avait des réfugiés des dictatures d’Amérique latine et des dictatures soviétiques, des afghans, des algériens... » se souvient son fils Raphaël. «André Glucksmann s’est toujours senti responsable des persécutés et des sans voix. Toute sa vie, il est restée fidèle à l’enfant juif pourchassé durant la guerre (...)Jamais résigné, il affrontait les grands de ce monde sans la moindre faiblesse» écrivent dans le monde Nicole Bacharan et Dominique Simonet.
Le choc Soljenitsyne
En 1975, ébranlé par la parution du livre d’Alexandre Soljenitsyne, l’archipel du Goulag l’ancien mao rompt avec le marxisme et se fait le porte-voix des dissidents soviétiques, et polonais de Léonid Pliouchtch à Adam Michnik. Pour l’ancien dissident polonais, André Glucksmann «est le dernier représentant d’une longue tradition française héritée de Voltaire et de Zola, qui met l’intelligence au service du combat contre la Tyrannie…sa ligne de partage se faisait entre amis et ennemis, droit de l’homme et oppression»
En 1979, il emmène Jean-Paul Sartre et Raymond Aron à l’Elysée pour secourir les réfugiés sud-vietnamiens fuyant la victoire Viêt-Cong.
Dans les années 80, il défend le déploiement des missiles Pershings américains en Allemagne face aux SS-20 soviétiques. Demandant aux européens, « qu’avons-nous à défendre ? »
Toujours passionné il soutien l’intervention occidentale contre la Serbie en 1999 en défense de la minorité Kosovare.
Plus hasardeux, il défend, l’intervention américaine en Irak, contre Saddam Hussein en 2003, puis l’opération en Libye visant à se débarrasser de Kadhafi. Il soutient la Tchétchénie puis l’Ukraine contre Poutine.
Au côté des dissidents chinois
L’ancien thuriféraire de la révolution culturelle, est devenu le grand défenseur des dissidents chinois. «Des intellectuels comme André Gkucksmann sont de plus en plus rares, car on évite désormais d’aborder la question des violations des droits de l’homme en Chine. Il n’avait pas hésité à critiquer violemment Deng Xiaoping après mon emprisonnement…La disparition d’André Gluscksmann est pour nous comme la perte d’un trésor » affirme Wei Jingheng considéré comme le père du mouvement démocratique chinois et emprisonné de 1979 à 1997. Hanté par le tragique de l’Histoire, André Glusksmann aura traversé les errements du siècle en intellectuel combatif.
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