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Aloïs Brunner, un des criminels nazis les plus recherchés, serait mort en Syrie en 2001

Donné pour mort par deux fois, en 1992 et 2010, le criminel de guerre, qui n'a jamais effectué les peines pour lesquelles il a été condamné, se serait éteint en 2001 dans un cachot à Damas, selon une enquête de la revue "XXI".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le criminel de guerre nazi Aloïs Brunner serait mort en 2001 à Damas à l'âge de 89 ans, selon la revue XXI. (STRINGER / AFP)

C'est la fin d'un mystère vieux de vingt-cinq ans. Le criminel de guerre nazi Aloïs Brunner serait mort dans un cachot à Damas (Syrie), en décembre 2001, à l'âge de 89 ans, selon une enquête de la revue XXI (pour abonné). Il avait déjà été donné pour mort en 1992, notamment par l'historien et avocat Serge Klarsfeld. Puis, en 2014, par le centre Simon-Wiesenthal de Vienne, qui affirmait qu'il s'était éteint à Damas en 2010. L'ancien SS d'origine autrichienne avait été condamné deux fois par contumace par la justice française : en mai 1954 à la peine de mort pour "crimes contre l'humanité", puis en 2001 à la prison à perpétuité pour le même motif.

"Ce que raconte l'enquête de XXI est tout à fait vraisemblable. On voit qu'ils ont interrogé quelqu'un qui l'a connu de près", a estimé Serge Klarsfeld. L'avocat regrette cependant que l'ancien SS n'ait pas pu effectuer sa peine. Bras droit d'Adolf Eichmann, le responsable logistique de la "solution finale", Aloïs Brunner est tenu responsable de la déportation de 125 000 juifs vers les camps d'extermination nazis. Il a aussi dirigé celui de Drancy (Seine-Saint-Denis) entre juin 1943 et août 1944, et prenait soin de mener lui-même certaines arrestations de familles juives.

Exil en Syrie

Pendant la chute du troisième Reich, en 1945, le criminel prend une nouvelle identité, Aloïs Schmaldienst. Il profite ensuite de l'arrestation et de l'éxécution d'un homonyme pour échapper aux recherches contre lui. Il s'exile ensuite en Syrie où il sert le parti Baas et la famille Assad.

Selon l'enquête de XXI, le criminel de guerre nazi fut pratiquement assigné à résidence dans son appartement dans le quartier des ambassades à Damas à compter de 1989. A la fin des années 1990, Brunner est une nouvelle fois "déménagé", "pour des raisons de sécurité", au sous-sol d'un immeuble dont il ne sortira plus.

L'enquête de la revue est basée sur le récit de trois témoins, présentés comme d'ex-membres des services de sécurité syriens, en charge de la protection de l'ancien nazi. L'un d'entre eux, Abou Yaman, aujourd'hui réfugié en Jordanie, a accepté de s'exprimer sous son véritable nom.

Une fin de vie misérable

Selon ces témoignages, il aurait vécu les dernières années de sa vie enfermé dans un cachot au sous-sol d'une résidence habitée par des civils. A sa mort, en décembre 2001, son corps, lavé selon le rite musulman, aurait été inhumé "en toute discrétion" au cimetière Al-Affif à Damas.

Nazi jusqu'à son dernier souffle, Aloïs Brunner, qui se faisait appeler Abou Hossein, a vécu ses dernières années de façon misérable. "Il était très fatigué, très malade. Il souffrait et criait beaucoup, tout le monde l'entendait", a raconté un des gardes. "On est satisfait de savoir qu'il a mal vécu plutôt que mieux vécu", a réagi auprès de l'AFP Serge Klarsfeld. L'avocat, dont le père, assassiné à Auschwitz, fut arrêté en septembre 1943 à Nice par un commando dirigé par Aloïs Brunner, s'était rendu à Damas en 1982 avec sa femme Beate pour y réclamer l'expulsion du chef nazi. En vain.

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