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"Ça s'appelle des squatteurs de tables" : à Bruxelles, les télétravailleurs envahissent les cafés et agacent certains patrons

Dans un contexte de flambée des prix de l'énergie en Belgique, de plus en plus de salariés viennent télétravailler depuis des cafés. Des clients qui consomment peu et restent longtemps : certains patrons de café tentent de les décourager.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jacques Héry
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'entrée d'un bar à Bruxelles.  (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Venir télétravailler au café pour éviter de payer l'électricité à la maison. De plus en plus de Bruxellois décident d'adopter cette technique, dans un pays très touché par l'inflation - 11% enregistré au mois de septembre - et notamment une explosion du prix du gaz et de l'électricité

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Mais cette tendance est loin d'être du goût de tous les patrons de café. "Ça s'appelle des squatteurs de table !", s'agace Eric Robert, patron d'un grand café dans le quartier Saint-Gilles, à Bruxelles. "Ils viennent toute la journée avec leur PC, leur sac à dos. Souvent, ce sont des gens qui prennent une boisson et qui vont rester quatre ou cinq heures", explique-t-il. Son établissement, à la décoration boisée, cosy et agréable, se prête bien au télétravail, et ce genre de comportement ne lui posait pas vraiment de problèmes il y a quelques semaines. 

Décourager les télétravailleurs

Aujourd'hui Eric Robert se dit victime de son succès. "On a eu un débordement depuis quelques semaines. On s'est retrouvé il y a deux semaines avec 45 PC branchés dans cet endroit, constate-t-il. Les gens qui voulaient manger n'avaient plus de place." 

"Il y a plus de PC que de gens qui mangent, ce n'est pas possible."

Eric Robert

à franceinfo

Pour lui, la raison de cette migration des télétravailleurs de leur salon vers le café ne fait aucun doute. Avec la hausse du prix de l'électricité, qui a presque doublé en un an, ses clients veulent avant tout faire des économies. "Quand on leur pose la question : 'vous êtes là longtemps ?' Ils nous disent 'oui, on vient passer la journée et travailler ici, c'est plus sympa que chez nous' et c'est moins cher évidemment", raconte le patron. Il a donc pris une décision : "On a dû sévir."

Une facture d'énergie multipliée par trois

Sévir, c'est d'abord chercher à user le télétravailleur. Pour ce faire, Eric Robert a sensiblement monté le volume de la musique diffusée en permanence dans le café, avec l'idée de le décourager, quitte à ce qu'il devienne difficile de parler et de se concentrer. Mais certains ont trouvé la parade et mettent un casque sur les oreilles. 

Autre arme utilisée par le patron : couper le Wifi et les connexions internet ! Mais il s'est finalement ravisé et a choisi la pédagogie. À partir de 11 heures, le personnel a averti les clients que les ordinateurs sont interdits entre midi et 15 heures. Une mesure qui n'est pas toujours comprise par les clients. "Pour moi, c'était un lieu qui était propice à ça, je n'ai pas trop compris", confie Céline, un peu surprise. "On avait prévu de manger ici, mais on va repartir", ajoute Caroline, une collègue de télétravail. Le patron, lui, reste droit dans ses bottes : sa facture d'électricité et de gaz a aussi fortement augmenté. Elle est passée en un an de 2 000 à 6 000 euros par mois. 

Un patron de café bruxellois agacé par l'afflux de télétravail - Le reportage de Jean-Jacques Héry

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