: Reportage En Belgique, la difficile cohabitation entre les phoques et les touristes : "Parfois, ils veulent les remettre à l'eau"
Au bord de la plage d'Ostende, sur le littoral belge, on peut voir apparaître des petites têtes grises à la surface de l'eau. Durant la période Covid, les phoques ont pris leurs aises sur ces plages alors abandonnées, mais ne sont pas repartis malgré l'arrivée des touristes. Or la cohabitation peut parfois surprendre les touristes et, surtout, les pousser à adopter des gestes qui peuvent être dangereux pour eux, et pour les animaux.
Inge de Bruycker est la fondatrice de l'organisation bénévole North Seal Team, qui surveille les populations de mammifères marins et sensibilise les touristes à leur présence. "C'est mieux de ne pas aller trop près parce que ce sont des animaux sauvages et ils ont des maladies. Et si un chien va tout près, les phoques peuvent l'attaquer, ou le chien peut les attaquer."
"On a déjà eu des petits phoques qui ont été tués par des chiens. On a aussi eu un petit chien qui a été tué par un phoque, il y a deux ans."
Inge de Bruyckerà franceinfo
"Parfois, les enfants demandent : 'Oh ! On peut aller les caresser ?' Mais non, pas du tout !", prévient Inge de Bruycker. Alors des bénévoles ont mis en place un espace protégé par une barrière : 40 mètres carrés de sable réservé aux phoques en plein centre d'Ostende, où jusque sept à huit individus peuvent se prélasser en même temps. Une nécessité, selon Kelle Moreau, biologiste marin à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique. "Les phoques ne viennent pas sur les plages sans raison. Ils ont besoin de ce temps pour se reposer et pouvoir aller nager et se nourrir en mer de nouveau. Les touristes ne sont pas habitués et ils veulent faire des selfies. Parfois, ils pensent que le phoque a des problèmes et veulent le mettre à l'eau ou le nourrir, mais ce n'est pas nécessaire."
"Quand les gens viennent très près, les phoques s'inquiètent."
Kelle Moreauà franceinfo
Entre 150 et 200 phoques se côtoient sur le littoral et dans les eaux belges. Et si la cohabitation avec les touristes, très nombreux sur la plage en ce mois d'août, est parfois difficile, c'est en grande partie à cause de la méconnaissance d'un animal auparavant très discret. "J'ignorais qu'ils pouvaient être violents, s'étonne une touriste, qui apprécie l'initiative. C'est une bonne chose, cette aire de protection, car il y aura toujours des gens pour les embêter."
Aujourd'hui, les bénévoles de North Seal Team sont 137, répartis sur les 67 kilomètres de côtes belges et mobilisables à chaque arrivée de phoques sur la plage. Ils rappellent quelques principes simples : ne pas s'approcher à moins de 30 mètres, tenir les chiens en laisse... Ce n'est pas encore assez, signale Inge de Bruycker : "On ne peut pas intervenir à chaque fois".
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