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Danemark : en supprimant un jour férié, le gouvernement suscite un mouvement d'opposition d'une rare ampleur

En supprimant un jour férié, la Première ministre danoise espère dégager 430 millions d'euros pour financer la hausse du budget de l'armée. Mais les Danois ne sont pas d'accord et, une fois n'est pas coutume dans le pays, ils vont exprimer leur mécontentement dimanche dans la rue, à Copenhague .
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Première ministre du Danemark Mette Frederiksen au parlement danois, à Copenhague, le 17 janvier 2023. (MADS CLAUS RASMUSSEN / RITZAU SCANPIX / AFP)

Le "Store Bededag", que l'on peut traduire en français par "le grand jour de prière" a été instauré il y a plus de trois siècles, en 1686, au Danemark. Et la suppression de ce jour férié qui a lieu le quatrième vendredi après Pâques, suscite une grande controverse dans le pays, explique Lars, un habitant de Copenhague : "On en parle beaucoup, même si, pour moi, ce jour férié n'est pas important pour des raisons religieuses ou culturelle. C'est juste qu'on est nombreux au Danemark à se dire : 'Mais pourquoi je devrais renoncer à ce jour férié ?' Il faut dire aussi que les arguments du gouvernement ne sont pas terribles."

Une manifestation, phénomène "très rare" au Danemark

En supprimant ce jour chômé, la Première ministre Mette Frederiksen, à la tête d'une coalition centre gauche-centre droit, espère récupérer 430 millions d'euros pour financer la hausse des dépenses militaires. Un investissement qu'elle juge "nécessaire" après l'invasion russe en Ukraine amis un argument qui ne convainc pas Lizette Risgaard, la présidente de la Confédération des syndicats danois (FH). Ce syndicat organise une grande manifestation dimanche 5 février pour défendre le maintien du "Store Bededag". "Nous pensons que c'est totalement injuste parce qu'enlever un jour férié puni les salariés alors que les employeurs, eux, en tirent des bénéfices, affirme Lizette Risgaard. Et puis ce n'est pas la façon dont on négocie des changements au Danemark."

"C'est très rare chez nous d'organiser des manifestations, ça n'est pas dans nos habitudes. Mais là, le gouvernement a attaqué le droit des travailleurs sans nous prévenir, sans négocier, sans même nous laisser la possibilité de dire quoi que ce soit."

Lizette Risgaard, présidente de la Confédération des syndicats danois

à franceinfo

La Confédération des syndicats danois, forte de plus d'1,3 million de membres ( soit près d'un quart des habitants), estime que le gouvernement danois peut largement trouver les fonds nécessaires sans supprimer ce jour férié. Le clergé et les partis d'oppositions sont sur la même ligne. Cette semaine, la télévison danoise a donc demandé à la cheffe du gouvernement si toutes ces critiques pourraient la faire changer d’avis. "Non, a répondu Mette Frederiksen. Le gouvernement s’en tient à l’opinion qu’il défend depuis un certain temps, même si c’est impopulaire. Nous n’avons pas le choix : pour bâtir la société que nous voulons, nous devons trouver de l’argent. Nous avons de grands défis à régler en matière de politique de défense, de sécurité. Nous avons besoin de réformes et nous allons continuer à travailler dans ce sens".

Les Danois veulent garder leur jour férié : le reportage de Valentin Dunate

Une pétition mise en ligne par FH a rassemblé près d'un demi-million de signatures contre la disparition du Store Bededag. Il y a dix ans, un gouvernement social-démocrate avait déjà tenté de supprimer ce jour férié, avant d'y renoncer face au tollé.

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