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Dans la presse anglaise : la Libye sera-t-elle les Malouines de Nicolas Sarkozy?

Ce dimanche, les journaux de nos voisins reviennent largement sur le lancement de l’intervention militaire à Benghazi. Les grands quotidiens jaugent les chefs d’Etat à l’aune de leur engagement dans l’application de la résolution de l’Onu. Et décryptent les enjeux nationaux. Ainsi le Guardian rappelle qu'en 1982 Margareth Thatcher avait gagné des voix après la guerre des Malouines.
Article rédigé par franceinfo
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Incarnée par Nicolas Sarkozy, la France est unanimement reconnue par les journalistes européens comme en pointe sur le dossier libyen. Les journaux suisses estiment que la crise libyenne est l’occasion pour la France de se refaire une santé diplomatique. Le Temps parle ainsi d’une diplomatie française "ragaillardie". "En quelques semaines, Paris a repris la main au Proche-Orient. Par son professionnalisme, le ministre des Affaires étrangères (…) a remis en selle le président" écrit quant à lui le quotidien 24 Heures.

Le journal espagnol El Pais va plus loin, considérant que le chef d’Etat français ne donne le meilleur de lui-même que dans les situations extrêmes. Le quotidien parle d’un "dirigeant cyclothymique" dont la cote de popularité a été en baisse constante, excepté à deux occasions : le conflit géorgien pendant la présidence française de l’Union européenne, et le début de la crise financière mondiale.

"Les Malouines de Nicolas Sarkozy"

Pour les journalistes européens, il est clair que l’approche des élections cantonales n’est pas étrangère au zèle de l’hôte de l’Elysée. "S’il parvient à restaurer la stature française sur la scène internationale, Nicolas Sarkozy espère que son intervention lui vaudra des votes, comme ce fut le cas avec les Malouines pour Margaret Thatcher", peut-on lire dans le quotidien britannique The Guardian.

Ce dernier rappelle que le chef de l’Etat français a un passé diplomatique trouble à faire oublier : "Une gestion incompétente des soulèvements en Tunisie et en Egypte" et le fait qu’"il y a trois ans, il avait déroulé le tapis rouge à Kadhafi".

La presse n’hésite pas non plus à égratigner David Cameron. Tout en saluant le rôle de premier plan joué par le Premier ministre britannique, ainsi que sa coopération avec la France, The Guardian rappelle que David Cameron s'était rendu au Koweït et en Egypte "accompagné de marchands d’armes, peu après la chute de Moubarak" et note que l'évacuation des ressortissants britanniques au début de la crise libyenne a été difficilement organisée.

"Entêtement pacifiste"

La presse allemande fustige quant à elle une position "irresponsable" d’Angela Merkel ; à l’instar de la Russie et de la Chine, l’Allemagne s’est abstenue lors du vote au Conseil de sécurité et ne prendra pas part aux opérations. Pour Die Welt, cette décision est un "affront aux Européens, aux Américains mais aussi aux Etats arabes" qui aura des conséquences.

"Ce sont les symptômes d’un entêtement pacifiste menaçant l’Allemagne, sous le direction de son ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle" écrit ainsi un éditorialiste.

Là encore, les journalistes pointent du doigt des enjeux de politique nationale allemande. Die Zeit rappelle que plusieurs importants scrutins régionaux auront lieu dans les prochaines semaines. Or, une grande majorité de la population d’outre-Rhin se serait opposée à une intervention allemande en Lybie.

Pauline Turuban

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