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Vol d'EgyptAir : "S'il n'y a pas eu d'appel de détresse, c'est que l'incident a été extrêmement violent"

Francetv info a interrogé Bertrand Vilmer, expert en aéronautique auprès de la cour d'appel de Paris, après la disparition du MS804 qui reliait Paris au Caire. 

Article rédigé par Louis San - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un avion d'EgyptAir à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle (Val-d'Oise), le 19 mai 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

Des débris, pouvant être ceux du vol MS804 d'EgyptAir, ont été repérés au large de la Crète (Grèce), jeudi 19 mai. Mais pour l'instant, le mystère sur la disparition de cet avion, qui reliait Paris au Caire, reste entier. Francetv info a interrogé Bertrand Vilmer, expert en aéronautique auprès de la cour d'appel de Paris, qui dirige également le cabinet d'expertise aéronautique et spatiale Icare.

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Francetv info : Il y a eu beaucoup de confusion jeudi matin sur un éventuel message de détresse de l'avion...

Bertrand Vilmer : Dans ce genre de situation, il faut être extrêmement prudent avec les éléments dont nous disposons. Il faut se méfier des premiers éléments qui arrivent comme ça, en vrac. Les autorités militaires égyptiennes ont fini par démentir, alors n'en parlons plus. Il faut respecter les familles des passagers et ne pas les balader toutes les cinq minutes avec des éléments contradictoires et des spéculations. Il faut rester très factuel.

Que peut-on dire pour l'instant ?

Dans un accident aérien, il y a trois causes possibles : l'environnement, la technique, l'homme. Dans l'environnement, on met la météo, la grêle, le vent, une collision en vol, un débris sur une piste. Tout ce qui est extérieur à l'appareil et qui n'est pas humain et donc le terrorisme. Ensuite, il y a la technique, c'est la maintenance : une panne qui devient catastrophique. La troisième cause, c'est l'homme. L'homme à bord de l'appareil, l'homme au contrôle de l'appareil. Est-ce que l'on peut éliminer l'une de ces trois causes ? La réponse est non.

On ne peut pas évoquer quelques hypothèses ?

Dans ce genre d'accident, il ne faut jamais ouvrir des hypothèses. C'est beaucoup plus facile de les fermer que de les ouvrir. On peut noter que s'il n'y a pas eu d'appel de détresse, c'est que l'incident a été extrêmement violent, très soudain. Sinon l'équipage aurait eu le temps d'envoyer un appel radio ou d'activer une petite boîte qui s'appelle un transpondeur qui permet d'envoyer au sol, sur les écrans des contrôleurs, un énorme message d'alerte. Cela n'est vraisemblablement pas été fait. C'est un indice extrêmement important car les avions sont fabriqués pour qu'une simple panne ne suffise pas à les détruire.

L'incident n'est pas survenu n'importe où...

L'avion venait juste de rentrer dans l'espace aérien égyptien. Dans le passé et dans cette zone, il y a eu deux avions proches de cette zone qui ont fait l'objet d'une attaque terroriste réussie : un vol entre Charm El-Cheikh et Saint-Pétersbourg, en octobre 2015, et un vol Mogadiscio-Djibouti en février 2016.

On a très peu parlé de ce dernier alors qu'un pirate de l'air s'est fait exploser à bord de l'appareil après le décollage, que cet homme a été aspiré par le trou qu'il a formé à l'extérieur. L'avion s'est posé et il y a eu deux blessés. Tout cela, les gens ne le savent pas forcément. Et pourtant, c'est ce qui s'est passé.

On peut également parler de l'appareil : 13 ans. C'est normal. Il pourrait en avoir 8 ou 15, c'est pareil. Tant que les procédures de maintenance sont respectées, l'appareil est bon pour le vol. L'un des pilotes avait 7 000 heures de vol, l'autre 2 800. Ce n'est pas énorme mais il y en a assez, surtout pour ce genre de trajet.

Et la compagnie EgyptAir, que peut-on en dire ?

Qu'elle n'est pas sur la liste noire. Mais je ne peux en dire plus. Vous savez, il faut faire un sacré audit si vous voulez juger une compagnie. Disons qu'elle ne fait pas l'objet d'une quelconque méfiance.

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