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En Irlande, une élection pour dire non à l’austérité
Les élections législatives du 26 février 2016 s’annoncent serrées. Aucun parti, selon les sondages, n’est en mesure d’obtenir la majorité absolue. Un léger avantage est tout de même accordé au Fein Gael, le parti au pouvoir. Pourtant les électeurs veulent surtout dénoncer la politique de rigueur e,n place depuis 2008.
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L’année 2015 en Irlande a été marquée par des manifestations à répétition contre la taxation de l’eau. Taxer l’eau, jusque là étonnement gratuite, a été vécu par la population comme une ultime épreuve, une charge supplémentaire dans un pays paupérisé.
Car la crise de 2008, et la récession l’accompagnant sont passées par là. En décembre 2013, le gouvernement annonçait la sortie du plan de sauvetage imposé par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI).
Mais cela s’accompagnait d’une nouvelle cure d’austérité de 2,5 milliards d’euros d’économie. Hausse des taxes sur le tabac, l’alcool, hausse du prix des consultations médicales. Parallèlement les allocations chômages étaient amputées, alors que 14% de la population active était alors sans emploi
Selon le Sinn Féin (gauche nationaliste), 300.000 personnes ont émigré en quatre ans pour échapper à la crise.
Un bon bilan insuffisant
Aujourd’hui le bilan du Premier ministre Enda Kenny est pourtant flatteur. Le taux de croissance en 2015 a atteint 7%, le meilleur d’Europe. Le chômage a été divisé par deux en cinq ans.
Pourtant, à en croire les instituts de sondages, le traumatisme est encore réel, au point que Enda Kenny et son parti de centre droit, le Fine Gael, pourrait avoir du mal à trouver une majorité. Car le Labour, son allié au pouvoir, s’effondre. Il est crédité de 7% des voix, un recul de plus de 12 points qui l’éloigne du pouvoir. Les travaillistes irlandais payent leur incapacité à imposer leur modèle social dans la politique du gouvernement.
Gouverner avec le Sinn Fein ?
Du coup, Enda Kenny serait condamné à une alliance avec son adversaire de toujours, le Fiana Fail, donné second avec 20% des voix. Certains observateurs y voient «l’issue la plus probable», d’autres au contraire juge ce scénario «peu probable, tant ils se sont affrontés».
Pourtant personne ne veut gouverner avec le Sinn Fein, le parti nationaliste de gauche mené par le charismatique Gerry Adams. Avec 15% des voix, il arriverait en troisième position, en hausse de cinq points par rapport à 2011. Les nationalistes cueillent les fruits de leur positionnement anti-austérité, et d e leur action contre la taxe sur l’eau.
Pour autant, le statut de voix politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), colle toujours à la peau du Sinn Fein. Et aucun des deux grands partis ne veut s’associer à cette image. Gerry Adams restera donc sur le bord de la route, et avec lui, le projet de réunification des deux Irlande.
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