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Environ 900 étrangers ont déjà quitté samedi la ville de Rosarno après une "chasse aux immigrés"

Deux cents autres sont sur le départ.Signes du retour au calme, les barricades érigées par la population ont été levées, l'occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la matinée.Depuis jeudi, les violences ont fait 67 blessés à Rosarno, localité de Calabre du sud de l'Italie (15.000 habitants).
Article rédigé par France2.fr
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Des immigrés victimes d'une véritable chasse à l'homme à Rosarno, en Calabre (8 janvier 2010) (F2)

Deux cents autres sont sur le départ.
Signes du retour au calme, les barricades érigées par la population ont été levées, l'occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la matinée.

Depuis jeudi, les violences ont fait 67 blessés à Rosarno, localité de Calabre du sud de l'Italie (15.000 habitants).

Sur les 67 blessés, 31 sont des étrangers, dont deux grièvement blessés vendredi à coups de barres de fer, 19 des policiers et 17 des Italiens de Rosarno.

"Environ 910 étrangers ont déjà été évacués de Rosarno vers Crotone et Bari", deux autres villes du sud de l'Italie, a déclaré le préfet de police Mario Morcone.
Selon le responsable, 65 autres immigrés étaient sur le départ dans la soirée et 150 supplémentaires seront transférés dans la nuit pour un total de plus de 1.100 personnes. M. Morcone a cependant précisé que "la situation revient lentement à la normale".

On nous tirait dessus comme à la fête foraine
Jeudi soir, des dizaines d'immigrés africains ont incendié des voitures, brisé des vitrines et mis le feu à des poubelles de Rosarno. Ces incidents ont éclaté après que de jeunes Calabrais ont tiré à la carabine sur un groupe d'immigrés. "Ces types nous tiraient dessus comme s'ils étaient à la fête foraine, et ils riaient. Je hurlais, d'autres voitures sont passées mais personne ne s'est arrêté, personne n'a appelé la police", a témoigné Kamal, un Marocain, au journal La Repubblica. Les incidents ont été suivis d'affrontements avec la police.

Vendredi matin, 2.000 migrants ont manifesté devant l'hôtel de ville de Rosarno pour protester contre le comportement, à leurs yeux raciste, de certains habitants de la région à leur égard. Des manifestants scandaient "Nous ne sommes pas des animaux !" et brandissaient des pancartes affirmant "Les Italiens ici sont racistes !".

Cette manifestation s'est poursuivie par des actes isolés de vandalisme. Les violences ont repris vendredi dans la soirée et se sont transformées en une véritable chasse aux immigrés.

Manifestation à Rome
Samedi après-midi une manifestation de soutien en faveur des immigrés s'est déroulée à Rome, non loin du siège du ministère de l'Intérieur. Elle a donné lieu à des échauffourées entre policiers, dont un a été légèrement blessé par un jet de pierres, et manifestants qui tentaient de forcer un cordon de sécurité autour du bâtiment, a constaté un photographe de l'AFP.
Au cours de cette manifestation, les immigrés présents ont demandé la démission du ministre de l'Intérieur Roberto Maroni.

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR ) et le principal syndicat italien, la Cgil, ont pour leur part dénoncé les "conditions inhumaines dans lesquelles vivent ces ouvriers: cabanes insalubres, sans eau, sans hygiène". La Cgil a dénoncé l'emprise de la mafia, surtout dans le sud du pays, sur ces immigrés massivement employés dans l'agriculture, qui représentent "une main d'oeuvre à bas coût" payée autour de 25 euros par jour.

Tous les ans, la récolte des fruits - oranges et clémentines - attire quelque 4.000 immigrés à Rosarno, une ville de 15.000 habitants.

Face à la tension persistante, la police a envoyé "un important contingent de policiers" pour "assurer un meilleur contrôle du territoire et garantir la sérénité à toute la population présente", a annoncé le chef de la police Antonio Manganelli, après s'être entretenu avec le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni.

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