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Espagne. Pourquoi la fête de la "Tomatina" fascine autant ?

Depuis plus de cinquante ans, cette fête espagnole, qui consiste à se jeter des tomates, attire de plus en plus de curieux.

Article rédigé par Isabel Contreras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Fête de la Tomatina à Buñol (communauté valencienne, Espagne) le 29 août 2012. (BIEL ALINO / AFP)

EUROPE - A 11h, un coup de pistolet marque le début des hostilités. Une heure plus tard, la ville espagnole de Buñol (communauté valencienne) a pris une belle couleur cramoisi. Que s'est-il passé entre temps ? La fameuse "Tomatina" : une fête populaire où des milliers de personnes se lancent des tomates dans les rues. Le concept est simple – certains le jugent même un peu "bête" – mais il fascine :  plus de 40 000 participants, venus du monde entier, s'y sont rendus mercredi 29 août. 

La Tomatina est loin d'être un événement simplement local : elle a été exportée dans plusieurs villes du monde, notamment en Chine, en Colombie ou aux Etats-Unis. Pourquoi cet événement fascine-t-il autant ? FTVi vous donne quelques éléments de réponse.

Parce que la Tomatina reste une fête populaire...

Espagne, 1945. Un groupe de jeunes gens observe un défilé populaire à Buñol quand une dispute éclate sans raison. Ils décident alors d'utiliser les tomates d'un étalage de primeurs en guise de projectiles : la Tomatina est née, selon le site (lien en espagnol) créé par la mairie de la ville. L'année suivante, les mêmes jeunes instaurent cette fête qui sera popularisée en 1983, lors de la diffusion d'un reportage télé. La fête a été interdite dans les années 50 mais, devant les nombreuses manifestations réclamant son retour, elle a repris en 1957.

"Les funérailles de la tomate" : manifestation des habitants de Buñol qui réclament, en 1955, le retour de la fête de la Tomatina. (LATOMATINA.ES)

Aujourd'hui, une foule internationale envahit les ruelles de Buñol, qui devient chaque année le théâtre de scènes hilarantes : "Viva la Tomatina", s'exclamait un touriste japonais mercredi 29 août, brandissant un drapeau peint d'une immense tomate, accompagné d'un ami coiffé d'un casque ayant pris la forme du fruit.

"Viva la Tomatina !", s'exclament ces deux touristes japonais. (BRUQUE MANUEL /EFE / SIPA)

La tradition veut qu'après une heure de bataille dans cet immense gazpacho humain, de nombreux participants se jetent dans la rivière de la ville pour se rincer.

Parce qu'elle ne dure pas qu'une heure...

Alors que Buñol compte 10 000 âmes, le jour de la Tomatina ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui se réunissent. Les "affrontements" ne durent qu'une heure mais les festivités s'étalent sur trois jours. "Grâce à cette fête, le village est connu dans le monde entier ! Notre ambition est de l'améliorer d'année en année", se félicite le maire, Fernando Giraldós, interrogé par l'agence Europa press

Au programme, des concerts, des concours gastronomiques... et même une battle musicale qui voit s'affronter les deux orchestres du village, La Armónica et La Artística.  

Parce qu'elle offre des images surprenantes 

Si cette fête passionne tellement de personnes, c'est aussi à cause des scènes surréalistes qu'elle donne à voir. Certaines images font parfois le tour du monde, donnant un air de doux carnage à l'évènement :

Une participante couverte de jus de tomate à Buñol, le 31 août 2011. (GERMAN GARCIA / AFP)

Un participant de la fête de la Tomatina en 2009. (PABLO ARGENTE / AFP)

Mais la Tomatina est bien une fête inoffensive. Si elle ne fait que quelques blessés légers par an (sept en 2012) c'est grâce aux fortes températures, mais aussi à la ville de Buñol, qui a fait de la sécurité une de ses priorités. La preuve, pour participer à la bataille, il faut avant tout en respecter les règles : 

- Ne pas lancer de bouteilles

- Ne pas déchirer les habits de son "adversaire"

- Ecraser la tomate avant de la lancer

- Arrêter les lancers de tomates à midi pile

Parce qu'on jette des tomates qui ne sont pas comestibles

Cent vingt-cinq tonnes de tomates sont utilisées pour la Tomatina. Elle proviennent d'une coopérative d'agriculteurs de la région de Valence et sont spécialement produites pour la fête. Ces fruits ne sont pas comestibles car destinés normalement à nourrir les animaux.

Mais cet argument ne convainc pas certaines associations espagnoles qui dénoncent un gâchis. "Je ne vois pas l'intérêt de produire de la nourriture pour la jeter juste après. En plus, la production et la distribution d'aliments entraînent une consommation d'eau, d'électricité, et des effets négatifs comme la production de CO2", indique José Antonio Busto, président de la Fédération espagnole des banques alimentaires sur le site espagnol Informacion.com (lien en espagnol). 

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