"C'est une bataille contre la Russie, contre la dictature" : en Géorgie, la jeunesse pro-européenne se mobilise pour des élections décisives
La Géorgie, petit État du Caucase frontalier de la Russie, désigne ce samedi son parlement lors de législatives qui s’annoncent très disputées et se déroulent sous l’œil attentif de la Russie.
Le parti au pouvoir est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et pro-russe. L’opposition elle, a bruyamment manifesté au printemps dernier contre une nouvelle loi liberticide qui vise à étouffer les medias indépendants et la société civile. Comme beaucoup de jeunes Géorgiens, Luka, 24 ans, s’est particulièrement mobilisé contre cette réforme. Ce Franco-Géorgien incarne cette jeunesse révoltée et anxieuse de voter pour le changement.
Lui qui navigue d'habitude entre ses deux pays est revenu à Tbilissi, la capitale géorgienne, pour vivre ce moment décisif pour l’avenir de la Géorgie, car il ne peut "pas continuer [s]a vie tant que cet épisode ne se termine pas". Il a pris un aller simple et il restera "le temps qu’il faudra pour que la démocratie l’emporte".
"On voit toutes les libertés que l'on est en train de perdre"
Il comprend que pour "d'autres générations, après tout ce qu'ils ont vécu", "c'est facile de se dire" que ces restrictions sont "moins graves". Mais sa génération "ne veut pas de ça", car "on voit toutes les libertés qu'on est en train de perdre, les libertés avec lesquelles on a grandi", explique-t-il.
Il donne rendez-vous devant le Parlement, lieu stratégique où convergeaient les manifestations du printemps dernier, dans lesquelles il était en première ligne, puisqu'il dirigeait la construction de barricades. C'est non loin de l'institution qu'il a été pris à partie et tabassé par des policiers, avant d’être emmené en prison pour refus d’obtempérer.
Il rapporte que lorsque les policiers demandaient aux personnes interpellées : "Est-ce que tu vas ressortir [dans la rue] ?", tout le monde "répondait oui, oui, oui". Il est donc revenu, cagoule dans la poche, prêt à se mobiliser de nouveau.
"Quand tu te bats pour une idée dans laquelle tu crois vraiment, ni un oligarque vendu ni la police corrompue ne pourront éteindre cette flamme, celle de la jeunesse géorgienne !"
Lukaà franceinfo
Il estime vivre "un moment historique pour la Géorgie", avec "une jeunesse pro-européenne qui est consciente de ce qu'est la vraie démocratie, et qui la demande". "C'est une bataille contre la Russie, contre la dictature, la domination russe" et pour "la liberté et l'Europe". Il dit en avoir "marre" de plus de "100 ans de colonialisme russe dans un pays qui n'a rien en commun ni avec leur culture, ni avec la langue".
80% des citoyens géorgiens plébiscitent l'Europe, quel que soit leur vote. Mais Luka voudrait bien qu’elle soit plus présente aux côtés de la jeunesse et de la société civile qui étouffe "sous l’autoritarisme grandissant du pouvoir, qui redoute l’emprise de Moscou". "L'Europe, les États-Unis, c'est la force pour défendre les faibles, c'est la force de défendre la démocratie. Il faut qu'ils apprennent que face à la dictature, les paroles et la diplomatie apprises dans les écoles, ça ne marche pas. Ce sont les actions qui nous permettent de gagner, et pas juste les menaces", conclut-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.