Hongrie : ce qu'il faut savoir sur les élections législatives, cruciales pour l'avenir du Premier ministre Viktor Orban
Au pouvoir depuis douze ans, le dirigeant nationaliste brigue un quatrième mandat consécutif.
Stop ou encore ? Les Hongrois votent, dimanche 3 avril, à l'occasion des élections législatives. Le Premier ministre nationaliste et conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis douze ans, est favori dans les études d'opinion, mais affronte pour la première fois une opposition soudée. Franceinfo vous donne les quatre clés du scrutin, dont la campagne a été, comme la présidentielle en France, bousculée par la guerre en Ukraine.
1Une opposition unie pour la première fois
Agé de 49 ans et catholique revendiqué, Peter Marki-Zay a une lourde tâche : rassembler derrière lui six partis hétéroclites, qu'ils soient de droite, sociaux-démocrates ou écologistes. Unis par leur volonté de faire tomber "l'autoritaire" Viktor Orban, ils appellent à mettre fin à "l'illibéralisme", concept vaporeux utilisé par le Premier ministre pour justifier ses nombreuses atteintes à la démocratie depuis 2010.
Pro-européen convaincu et partisan d'une adoption de l'euro, Peter Marki-Zay est passé par les rangs du parti de Viktor Orban, le Fidesz. Il est également maire d'une ville de province, ce qui lui a permis de ne pas se voir reprocher d'incarner les élites contre le peuple.
Le choix "n'a jamais été aussi simple", insiste régulièrement Peter Marki-Zay lors de cette campagne. Il faut faire "celui de l'Europe, pas de l'Est", clame-t-il en référence au rapprochement avec Moscou et Pékin opéré par le Premier ministre sortant, très critique envers l'Union européenne.
2Une machine bien huilée derrière Viktor Orban
Face à une opposition unie, Viktor Orban pourrait s'inquiéter. D'autant que la situation économique est alarmante : l'inflation a dépassé les 7% en un an, et certains produits de base, comme l'huile et la farine, ont même vu leur prix augmenter de 20%. Pour y faire face, le Premier ministre sortant a multiplié les annonces dans l'urgence : hausse du salaire minimum, gel du prix de l'essence et des aliments de base jusqu'après l'élection.
Pour atteindre son objectif de rester quatre ans de plus à la tête du pays, le dirigeant souverainiste peut compter sur un puissant conglomérat de médias publics, qui font ouvertement campagne en sa faveur, raconte Le Monde. Ceux-ci n'hésitent pas à diffuser en boucle les gaffes des opposants, quand ils ne laissent pas entendre qu'ils sont achetés par Bruxelles ou par le milliardaire américain George Soros, bête noire du Premier ministre hongrois.
3Une campagne bousculée par la guerre en Ukraine
Viktor Orban, qui s'était rapproché ces dernières années de Vladimir Poutine, a adopté une position neutre lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Tout en accueillant des réfugiés, Budapest refuse d'envoyer de l'aide militaire à Kiev et a interdit le transfert d'armes létales par son territoire, au nom de la "sécurité" des Hongrois.
Cette attitude lui a valu la fureur de Volodymyr Zelensky. "Ecoute, Viktor, sais-tu ce qui est train de se produire à Marioupol ? Tu dois décider une fois pour toutes dans quel camp tu es", a ainsi lancé le président ukrainien au souverainiste hongrois dans un appel vidéo diffusé le 24 mars lors d'un sommet des 27 à Bruxelles.
Peter Marki-Zay a évidemment profité de la situation pour épingler "l'isolement" de son rival, dépeint "comme le dernier allié de Poutine au sein de l'UE et de l'Otan". Les médias pro-Orban n'ont pas tardé à répliquer, affirmant que le chef de file de l'opposition serait prêt à déployer des soldats en Ukraine. Des propos déformés, a assuré Peter Marki-Zay, mais le mal était fait : son soutien ferme à la politique de l'Otan a aussitôt été qualifié de "dangereux".
4Des risques de fraude
Coutumier des bras de fer avec l'UE, Viktor Orban a introduit au fil de ses mandats des changements législatifs accusés de favoriser son parti au détriment des autres formations, décrit Euronews.
Peu après son retour au pouvoir en 2010, le dirigeant a fait adopter coup sur coup deux lois accordant aux nombreuses personnes d'origine hongroise vivant en dehors des frontières la nationalité du pays… et le droit de vote, y compris par correspondance. Plus récemment, un amendement a modifié la définition du lieu de résidence, qui peut désormais être une simple adresse de contact, ne garantissant pas qu'on y habite réellement.
Dans ce contexte, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a missionné sur place plus de 200 observateurs, un dispositif exceptionnel pour un pays de l'UE – auquel seule la Bulgarie avait eu droit en 2013.
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